Sur la crête
Comme une nuée de freux
Mouillés
Ils s’arrêtent
Sous le crachin
Pour une nuit
Sans fin
Dans le gris
D’un ciel cendreux.
Dénués et affreux
Ils se blottissent
Sans feu
Au creux
D’un monde
Sans eux.
Ils vont
Hideux
Et fuient
Des jours sans rien de mieux.
Leurs enfants sans jeux
Sont déjà vieux.
Jamais à deux
Ils grattent en silence
Les miettes d’une vie
Sans rien pour eux.
D’un pas peureux
Marchant mille lieues
Dans un thym
Sans regard
Pour eux
Sans un matin,
Ils avancent hagards
Et sans lieu
Avec pour seul étendard
Pour seule couleur
Le teint cireux
De ceux
Qui n’ont rien
Pas même un vœu,
Rien que la peur
Sur eux.
Ils errent
Avant après la guerre
Et font en ronde
Leur creux.
Ce sont les gueux
Du monde.
Ils partagent
De mêmes yeux
Sans âge
Où l’on voit
Tout à la fois
Des jours sans joie,
Et que le monde
N’a rien pour eux
Et que nul n’ira vers eux
A défaire les nœuds
Et remplacer Dieu.
Souvenons-nous
Qu’hier
Nous étions eux.
Marvejols
(trilogie grise)