
DES MARCHES SUR L’EAU
J’ai des brouillards immenses
Des chapes sur les yeux
Deux frères
Deux transes
Des siamois oublieux
J’ai leurs brumes aussi
Des marches sur l’eau
Quelques marbres sous un glacis fluet
Un clapotis limpide
L’élytre frissonnant
Comme on dirait comme un oubli…
Un flux
Sur des sexes
Une nappe de souvenirs sur les sexes que je bois…
Je bois
En maîtresse alcoolique
Je bois pour tout ce qu’ils ont bu
De moi
De moi
Les grosseurs tumorales et le temps, égarée
Je bois aux rivières
Mais à même le goulot
Je bois tous mes sorts
Mes fleuves à ma mémoire
Ma traînée
Mes sanglots blonds
Mes irisés
Remontent le courant
Défont par la rancœur
Tout ce qui m’est d’autant
Immuable : ce qui fut
Sera
Je suis ce qui fut
Et même à la barrière de ma peau
Je suis
Sous d’improbables magies
La vague
Blanche
Traînée
Traînée mais entraînée à l’user l’arme blanche
J’ai fait mes reins conquis
Et de la chute et du vagin
Je bois
Hisse la coupe
Le dernier mot jusqu’à mes lèvres :
A ma rancune !
Et je sue
Tous les revers
Toutes les médailles
Tout ce qui rien ne change
Je sue ce que je fus.