Le Tombeau de la leucémique aimée
(1982-2003..................................................................................................................................................
lève les yeux, mon amour, je suis juste un peu plus haut
(Leucémie. Mot savant composé de l'adjectif grec leukos "blanc, brillant (en parlant notamment des étoiles) et du substantif aima "sang", par lequel le corps médical désigne une maladie très grave, ou foudroyante ou progressive, mais le plus souvent fatale, qui provoque la multiplication déréglée des globules blancs, empoisonnante neige, dans le liquide rouge de la vie.)
immaculé
le drap s'épancha soudain d'entre ses doigts ravis
et masque de souffle
son instant dernier
suppléa mon visage
ses lèvres acropole en sourire
renversèrent dans le clair-obscur des yeux mi-clos
pour ma vision cet esquif
quelle houle incapable d'eau
il avait neigé si longtemps en son corps de femme
sur la liqueur circulante et gracieuse
couleur de la rose qui désire
neige à contre-saison inconditionnelle neige
poudrant les fruits de pourpre des amants
j'ignorais l'énergie du sortir de la chambre
la langue du dire adieu dès lors
je n'en savais pas le principe
à l'épouser du linceul
ma déprécation surhumaine
glaçait tout un olympe
et sans elle vivante
sous mon errance hiémale
je dépeuplai des continents entiers
toi
leucémie invinciblement ma rivale
moi qu'une chimère de lutte ardente posséda
tu m'as pulvérisé
mais toi
ô métamorphose perlée du tréfonds
tu m'as recomposé poème
et tu neiges si liliale en son impalpabilité d'ange
sitôt que je vois le sang du jour en allé
redevenir ce floconnement qui palpite et qui
hors des couloirs de la chute
illustre infiniment le ciel
Linfabrice