Diabolique
Un jour, orageux et noir
un homme a perdu l'espoir
et toute raison aussi.
Monologuait, gémissait
grognassait et grimaçait
brisait tout dans son logis.
Genèse d'un plan maudit.
Aigri, hagard, titubant
en grognant et blasphémant
il déchira ses effets
qu'il dressa tel des trophées.
Créature endiablée !
Puis, cogitant, habité
d'une rage colossale
il fit se manifester
dans son âme perturbée
le spectre d'un vieux rival
très récemment inhumé.
Imprégné de malveillance
et assoiffé de vengeance
vers sa tombe est allé
médisant, vitupérant
hurlant et gesticulant.
C'était une sombre nuit
c'était une sombre nuit
nuit de tempête et de pluie.
C'était une sombre nuit
nuit de tempête et de pluie.
Et au creux de cette nuit
dans un effort inouï
avec ses mains crispées
entêté et enragé
la fosse il a recreusé.
Il atteint alors sa cible
assenant un coup terrible
sur le cercueil boueux
qu'il a promptement brisé
et du coup fait émerger
un cadavre laid, hideux.
Après l'avoir disséqué
le cœur lui a prélevé
puis mâché et avalé
avec voracité.
La tête lui a coupé
écrit adieu sur le front
à son cou l'a suspendue
puis s'est pendu à un tronc
et satisfait, il mourut.
Est-ce là le résultat
du insidieux climat
d'ambition et corruption
que lâches, nous éludons ?
Non, non, non, non, non et non !
Pour réveiller notre espoir
nous forcerons à déchoir
tous les semeurs de détresse
de pauvreté et tristesse
les bannirons des mémoires
les décrirons dans l'histoire
comme une plaie gangrénée
et source de nos déboires
méphitique et faisandée.
Quand ils seront enterrés
nous irons, émancipés
sur leurs tombes déféquer !
Gil Ferreira