Sur les chemins de traverse
Aujourd'hui je suis allé flâner
Passant au delà des averses
Pour un peu d'air pur respirer
Sans objectif ni but précis
Outre celui de faire le point
Vider ma tête et mon esprit
Des petites brûmes du quotidien
Pour quelques heures sans téléphone
Partir n'être là pour personne
Aller chercher ce sentiment
Se noyer d'infiniment grand
Et se sentir comme la fourmi
Au milieu ce cette nature
Par cette verdure être englouti
Et finir ébloui par l'azur
Au cœur d'un champ de blé naissant
Habillé de rouges coquelicots
J'ai revu mes habits d'enfants
Mon père me hissant sur son dos
Au hasard d'un chemin vicinal
Et au gré du chant des oiseaux
Assis dans la rosée matinale
J'observais le chemin du ruisseau
Serpentant au milieu des cailloux
Telle une vie qui suit son cours
De moments durs en instants doux
La rivière comme le fil des jours
Et pour me rire un peu du temps
J'ai penché mon visage sur l'eau
Pour voir refléter un instant
Les contours abstraits de ma peau
Comme une caresse douce et fragile
Donnée par ce léger courant
Loin du vacarme de la ville
Une larme a glissé doucement
Elle s'est confondue dans les flots
Et a rejoint les profondeurs
Car bien au delà d'une peau
âme et esprit abreuvent le cœur
Suivant cette trace invisible
Qui me menait je ne sais où
C'est un vague à l'âme indicible
Qui m'a saisi vibrant et doux
A la lisère d'une forêt
Mon voyage m'a amené
Et ce feuillage que sans arrêt
La brise invitait à danser
Comme un tunnel végétal
Qui m'attirait sans retenue
j'écoutais ce doux récital
En avançant vers l'inconnu
Tapis de mousse et de fougères
Feutraient le rythme de mon pas
Soudain Elfes et fées légères
S'invitèrent dans ce petit bois
Suivant leur filet de lumière
Leur farandole inexpliquée
A mes yeux soudain une clairière
Naquit d'une lumière irisée
Créatures magiques disparurent
Me laissant un silence troublant
Au loin percevant un murmure
Je restais figé, attendant
La lumière se fit aveuglante
Forçant mes yeux à se fermer
J'avançais d'une main tremblante
Par cette mélodie attiré
Comme un rideau sur un écran
Avant que le film commence
Images sépia, ou noir et blanc
Chemin entre adulte et enfance
Alors en ouvrant les paupières
Sous un jour soudain apaisé
Un papillon, dit éphémère
Me fit clin d'oeil d'éternité
Devant moi ils étaient venus
Me souriant d'un même éclat
Mon cercle de chers disparus
Pour un instant revenus là...
J'aurais aimé leur dire un mot
Mais l'éphémère me les a pris
Il ne m'a offert en cadeau
que ce moment de doux répit
Instants qu'il faudrait retenir
Tout comme ce temps qui nous échappe
Ne devrait jamais en finir
Car à la fin il nous rattrape
Une autre larme a mis les voiles
Se mélangeant aux gouttes d'eau
D'une averse au ton automnal
Qui m'éveilla dans un sursaut
Reprendre le chemin des vivants
Mais ne jamais couper les ponts
Garder le souvenir des gens
Qui ont quitté nos horizons
Sur les chemins de traverse
Souvent je retournerai
Et de doux soleils en averses
A la vie, hommage je rendrai