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[note de lecture], Nicole Caligaris et Pierre le Pillouër, "L’Expérience D", par Bruno Fern


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Posté 01 juillet 2013 - 08:42

 

 
6a00d8345238fe69e201910405ae0b970c-200wiDâemblée, les auteurs précisent que lâexpérience menée est celle « du Duomais aussi du système pauvre et populaire ou de ce qui est figuré dans cetextrait dâune pièce de Husayn Mansûr Hallâj : Dieu mâa transporté dans la réalité, grâce à un contrat, un pacte etune alliance. » â câest-à-dire quâil sâagit là de lire lâautre,dâécrire au plus près de son écriture(1), en faisant preuve de débrouillardisepour relancer les balles et dâen profiter au passage pour se « revigorersi nécessaire ». Dâoù la recherche dâune vitesse et dâune précisionqui permettent des échanges suffisamment vifs à travers un livre « sansclé », afin que lâon perçoive au mieux ses battements à lâinstar de ceux,cardiaques, horlogers et surtout musicaux évoqués de façon récurrente. Scansionen plus de deux temps (ici typographiquement distingués) puisque, entre ceux delâinspiration et de lâexpiration, existe celui dâun blanc où le lecteur seraitaspiré comme lâauditeur entre deux notes claudicantes de Thelonious Monk.Espace où le jeu peut donc se déployer sur trois murs, en alternant celui àdominante narrative de N. Caligaris qui tresse peu à peu ses motifs, celui de P. Le Pillouër qui tranche avec justesseà la lettre près (paronomases, anagrammes, allitérations, etc.) et celui du silencequi les sépare autant quâil les relie, telle la seconde elle aussi à écouter avant « lâinspirationdouce et mouillée de Yusef Lateef (2) ». 
Silence que lâon exige parfois en utilisant une interjection qui mène parhomophonie à la chute quâest le livrelui-même : « Quâest-ce quâun texte ? La course dâun dé pipé. Letour de poignet donne son amplitude à la course, sa trajectoire, non, câest lepoids du dé, câest sa claudication de petit cube déséquilibré qui ladirige. » D qui roule et amasse pourtant mousses de différentes espèces (réflexionssur lâécriture, sur la musique, brefs récits à teneur apparemmentautobiographique ou pas, etc. â le tout étant étroitement tissé), voici unouvrage singulier et pluriel qui commente fréquemment son protocole et se développeen forme de chambre dâéchos que la tentation du même effleure : « DâunJe à lâautre, il faudrait une coupe claire et quelques efforts de refoulementmais rien ne tient, repères, règles, le désir de fusion domine. » Celadit, les auteurs nây cèdent pas pour que de la différence surgisse, après diverses transformations réciproques (« Alorscommence lâimmense, le curieux, lâarchaïque travail de lâestomac, organeinterne de la littérature [â¦] »), du nouveauqui, comme trois bulles de savon (3), puisse alors sâélever dans toute saprécarité : « Présenceécrasante du présent et / du récit/ entendons : / un par fait » Histoire de respirer unpeu ensemble. 
 
[Bruno Fern] 
 
 
Nicole Caligaris et Pierre le Pillouër, LâExpérienceD,  LâArbre à paroles, 2013, sur le site de la Maison de la poésie dâAmay 
 
 
1. En croisant de nombreuses autres voix : Giacometti, Pouchkine, RobertoJuarroz, Monk, Ellington & Mingus, etc. 
2. Yusef LATEEF"The plum blossom" (1961) - YouTube 
3 Que lâon souffle, justement, et qui sonnent avec :« Sans doute que les trois mots, même sâils tombent, ne sont rien, que leprétexte de la durée qui les appelle. » 

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