Les sentiers de Crozon
C’est là-bas que la mer sur parchemin d’écume,
Délivre son poème infiniment écrit
Depuis le premier souffle, en césures de brume,
Piaillements d’oiseaux et lourds nuages gris.
Sur la grève elle roule en longues lames blanches,
Dans les baies sans pitié, d’effroyables pensées
Ressassées en cantique aux pardons du dimanche,
Comme hommage farouche aux marins trépassés.
Quand parfois le marcheur s'abandonne à la halte,
Laissant loin son esprit chevaucher les vents d'ouest,
Dans la lande il entend un peuple qui s'exalte
Tandis que le ciel pleure en silence sur Brest.
Puis, foulant la légende, il reprend son chemin,
Glanant comme épis mûrs les vestiges du jour ;
S'effiloche aux granits un vieux soleil carmin
Sous la nuit qui mendie en haillons de velours.