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[note de lecture] Stéphanie Ferrat, "Caillot", par Antoine Emaz


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Posté 17 septembre 2013 - 02:26

 

6a00d8345238fe69e2019aff73168d970d-200wiOn connaît la mesure de la poésiede Stéphanie Ferrat : elle pratique un art de la concision et de ladensité. Chaque poème est aussi bien « caillot » que caillou cerné desilence. Formellement, on pourrait penser au haïku pour la brièveté, maisautant le poème japonais est clos sur son instant, même sâil le dilate auxdimensions dâune expérience du monde, autant le poème de Stéphanie Ferratapparaît toujours comme une bribe, un fragment. Il ne se replie pas surlui-même, il est comme extrait dâune masse non dite dont il indique le poids,mais pas la nature. La force tient à la contraction du poème sur ce qui peut sedire par rapport à tout ce qui reste tu. « à la terre rendue/la présencediluée//tête retrouvée/sauf le creusement » (p.20). 
 
Au fond, il y a dans cette poésie un refus égal de lâépanchement lyrique et dela fulgurance type Char. Poèmes comme éclats sans éclat, sans effets sonoresappuyés non plus. On verrait plutôt une sorte de mobile composé de petitséléments de sens ébréché que le lecteur fait bouger au fil des pages. On saisitquâil y a une séparation et une reconstruction lente : « le reste estce quâil peut » (p.37), « il a fallu//marcher perdre//pour que toutarrive » (p.42), « travailler// à tout survivre » (p.64) 
Mais il nâest pas possible à partir des poèmes, qui sont pourtant des jalons,de reconstituer un récit, une « histoire ». Il nây a dâailleurs pasde « je » dans ce livre, seulement de lâimpersonnel, et parfois le « on ».Sauf dans un seul des tout derniers poèmes, peut-être la clé du livre :« jâavance//parole transparente//une enfance/plus bas/mâalaissée/opaque » (p.75). Le mouvement final est bien celui dâunelibération fragile, comme en témoigne aussi le dernier poème :« toujours à ouvrir//la main//sera » (p.78) 
Signalons aussi la publication chez Propos2éditions dâun beau petit livre oùles poèmes de Stéphanie Ferrat accompagnent des photos en noir et blanc deMagali Ballet. 
 
[Antoine Emaz] 
 
Stéphanie Ferrat, Caillot, EditionsLa lettre volée, 80 pages â 15⬠

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