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[entretien] avec Laurent Albarracin


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Posté 18 septembre 2013 - 09:36

 

Florence Trocmé : En 2009, nousavions mené un entretien, dans Poezibao, sur la création dâunecollection de poésie, le Cadran ligné. Ce serait bien de faire le bilan, aprèsces quatre premières années. Avez-vous pu réaliser vos objectifs, quels poètesavez-vous publiés, combien de livres ?  

Laurent Albarracin : Jâai publiédepuis 2009, en douze séries, soixante titres et soixante auteurs différents,ainsi que six traducteurs, dont voici la liste : Laurent Albarracin,Pierre Peuchmaurd, Anne-Marie Beeckman, Christian Viguié, Louis-FrançoisDelisse, Werner Lambersy, Franck André Jamme, Olivier Hervy, Éric Chevillard,Roger Munier, Antonio Porchia (traduit par Martine Joulia), Jean-Paul Michel,Christophe Van Rossom, Jean-Yves Bériou, Fabrice Caravaca, Joël Gayraud,Jean-Louis Rambour, Virgile Novarina, Éric Benveniste, Stéphane Maignan, JeanGabriel Cosculluela, Gilles Weinzaepflen, Jacques Abeille, Claude Margat, IvarCh'Vavar, Michel Valprémy, Thomas Duranteau, Dominique Noguez, Marie Huot, YvesPeyré, Benoît Chaput, Paule Marie Duquesnoy, Manuel Anceau, Isabelle Dalbe, DidierAyres, Jean-François Mathé, Abdelmajid Benjelloun, Jean-Luc Peurot, ChristianDucos, Anne Marbrun, Sappho (traduit par Joël Gayraud), Leopardi (traduit parPhilippe Di Meo), Thomas A. Clark (traduit par Benjamin Vareille), un anonyme irlandais du Xèmesiècle translaté par Jean-Yves Bériou, Constantin Cavàfis (traduit parMichel Volkovitch), Alain Roussel, Jean Maison, Denys-Louis Colaux, Alice Massénat, SalahStétié, Pierre Bergounioux, Romain Fustier, Benjamin Vareille, MatthieuMessagier, Louison Chéné, Patrick Fregonara, Jean-Luc Coudray, Mauro Placì,Denis Péan, Serge Pey. 
Tous lestextes ne sont pas des poèmes, il y a quelques proses, des aphorismes, un écritde nuit (câest-à-dire une phrase de sommeil, de Virgile Novarina), une enquêtejournalistique définitive (La Vérité surle salaire des cadres, dâEric Chevillard).  
Je ne saispas si jâai réalisé mes objectifs mais les principes dâéclectisme et de bonplaisir, eux, en tout cas, ont comme je mây attendais prévalu dans mes choix.  
 
 
Florence Trocmé : Avez-vouslâimpression que vous avez été fidèle au programme que vous dessiniez alors eten particulier à cette idée de donner sa place à une poésie « quifonctionne à lâimage », comme vous me lâécriviez alors ? Et le défi,car câest est un, un seul poème très court, par publication, a-t-il étédifficile à tenir ? 
 
Laurent Albarracin
 :   
Câest en effet une poésie de lâimage qui prédomine dans mon catalogue.Par là jâentends simplement une poésie qui donne à voir, ou à penser, ou àsourire, en tout cas une poésie dont les formulations se veulent homogènes àlâobjet dont elles sâemparent, par une sorte de transport (le trope de lâimage)de lâobjet à lâintérieur de la langue. Il me semble toujours que la trouvaille,le bonheur dâexpression, la métaphore et lâaudace stylistique éclairent dâunjour neuf ce qui est dit, dans la manière de le dire particulière à chaquepoète. Je crois quâun poème, ou parfois un seul vers de ce poème, se doit desoulever comme paradoxe lâévidence du monde. Un poème câest dâabord pour moi unevision du monde, au sens où sâeffectuent là des rapprochements inédits entreles choses, ou bien au contraire que sây creuse une faille dans lâappréhension deschoses où sâengouffre le tout de la chose. Bref. Je ne sais pas si tous lesauteurs que jâai publiés se reconnaîtront dans ce propos, mais oui, jâaime etje défends une poésie de lâimage.  
Quant au défi du poème court unique, jâavoue avoir plusieurs fois dérogé à larègle, et on trouve parmi ces plaquettes, malgré la pagination réduite quâimposele feuillet plié en quatre, de petites suites de poèmes par exemple. La plupartdu temps, pourtant, ce sont bien des livres « dâun seul poème », etjâai plaisir à choisir des poèmes assez denses et ramassés pour quâils sesuffisent à eux-mêmes isolés sur une page. Puisque le poème doit être court, ilfaut quâil soit frappant, quâil aille à lâessentiel, à une façon dâessentiel.La concision appelle la précision, mais une précision la plus vaste possible,si je puis dire, et la plus océanique. Câest justement la poésie de lâimage quipermet cette saisie fulgurante et à la fois flottante du réel.  
 
 
Florence Trocmé
 : Avez-vous lâimpression quâune évolution sâestdessinée au fur et à mesure que la collection grandissait⦠? Et puisaujourdâhui, évènement important, vous venez de publier un premier livre.Est-ce un accident lié à une nécessité impérative (la découverte dâun texte) oubien cela représente-t-il une étape dans votre travail dâéditeur ?Dites-nous ce quâest ce livre ? Qui en est lâauteur ? Et sâilinaugure une collection chez vous, une collection qui serait particulièrementtournée vers le rapport de la poésie et de la peinture ?  
Laurent Albarracin :   
Si évolution il y a, elle nâapparait que rétrospectivement, et jepréfère naviguer à vue, faire escale où bon me semble plutôt que de figer leschoses en tentant de repérer une évolution. Le paysage se dessine au fur et àmesure quâon le traverse.  
Oui, parallèlement à la collection de plaquettes, je publie un livre de PierreBergounioux et Jean-Pierre Bréchet, Traitfragile. Câest le hasard dâune rencontre avec le peintre Jean-PierreBréchet qui a permis que ce projet naisse et aboutisse. Comme je tiens depuislongtemps Bergounioux pour lâun des plus grands prosateurs français actuels,sinon le plus grand, et que la peinture de Bréchet me plait également, je nepouvais pas refuser de faire ce livre. Il sâagit dâun essai de PierreBergounioux sur lâÅuvre peinte de Jean-Pierre Bréchet. Comme à lâhabitude chezBergounioux, son écriture dépasse le simple essai critique et traverseplusieurs champs de savoir, brasse les grandes temporalités. Lâétonnant est quece premier livre est un essai dâun prosateur, alors que je suis censé publier plutôtde la poésie. Câest donc une sorte dâaccident heureux, très heureux pour moi,que ce livre. Jâaimerais continuer la collection de « livres dâun seul poème » etpublier de temps en temps, peut-être une fois lâan, un livre un peu plusconséquent, pas forcément sur les rapports de la poésie et de la peinture. Leprochain livre devrait être un texte de Boris Wolowiec, un poète remarquablequi nâa à ce jour jamais publié mais dont lâÅuvre est déjà monumentale, par lataille comme par son importance, je crois. 
 
  
Florence Trocmé : Il y a aussi untirage de têteâ¦. Voulez-vous développer une dimension bibliophilie, ou bienaborder le livre dâartistes ?  
  
Laurent Albarracin :   
Pas spécialement. Les lithographies de Bréchet (insérées dans le tiragede tête et reproduites dans lâédition courante) appelaient naturellement uneédition plus luxueuse sur grand papier, dans un format (19 x 25 cm) qui donne à voir confortablementces lithographies. Je pense recentrer désormais les éditions vers lapublication de livres de poésie, plus strictement de poésie, et dans un format plusclassique et moins coûteux peut-être, mais tout est ouvert. La tentation dubeau livre me tirera peut-être encore par la manche. Nous verrons.  

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