Un beau jardin se dressait sous l’azur
Regorgeant de vie et de fruits mûrs.
Les gens autour se disaient : « Mais quelle belle nature! »
Ne sachant point que ce n’était qu’un mauvais augure,
Car voyez-vous derrière la belle façade se trouvait une fleur impure.
Noire et sans vie.
Telle une tumeur elle poussait chaque jour,
Prenant chaque fois de plus en plus de place.
Ne laissant derrière elle que désespoir et carcasses,
Un à un les plants virent arriver leur tour.
Meurtri par ce trou noir dévastateur,
Le jardin perdit de ses couleurs
Et pris la forme d’un domaine de noirceur.
Le jardin n’avait maintenant plus qu’un seul admirateur
Qui, fasciné par autant de sombre grandeur,
Contemplait la mort et la désolation
Laissées par cette fleur impie.
Mais l’admirateur, aveuglé par tant de négation,
Ne vit point arrivé la fatidique furie.
Prenant la forme d’un pétale meurtri,
Elle se déposa sur sa paume salie
Par tant d’abominations.
L’homme, ne faisant point attention,
Vit le pétale se transformer en semence
Qui s’infiltra en lui par sa prétention
D’être insensible face à tant de violence.
Refusant de croire à une quelconque influence
De la part de cette fleur corrompue,
Il ne parla à personne de cette légère turbulence
Qui habitait désormais son esprit tendu.
Mais, peu à peu sa véhémence faiblissait
Comme si, affligées d’une démoniaque plaie,
Ses émotions fanaient
Ne laissant derrière elles qu’un vide muet.
L’homme, hanté par ce terrible vide,
Tenta de le cacher par tous les moyens possibles.
Mais ses proches le trouvaient de plus en plus sordide
Et lui, face à cela, ne pouvait qu’être insensible.
Puis vint le jour ou la graine,
Ensemencée dans son être affaibli,
Se propagea dans toutes ses veines
Et pris entièrement le contrôle de son esprit
Impuissant face à tant de noirceur,
Tel un spectateur de son propre malheur,
L’homme observa alors que, esclave de la terrible fleur,
Il se délivra de son mal intérieur
En s’enfonçant un poignard dans le cœur.
-Dominik Bernier 12/23/13