La clé de ma voiture, cet outil indispensable à l’ouverture de mon véhicule, est de la race de couteaux à cran d’arrêt. Elle pénètre aisément dans la chair métallique de mon automobile, afin que je puisse ouvrir ses entrailles pour pénétrer à l’intérieur. Bien plus courte que les lames ordinaires, c’est un objet froid et gris, dont la forme en « T » est hantée. Hantée par le risque de ne plus fonctionner. En effet, cet objet est conçu pour se rétracter dans son logement lorsqu’il ne sert pas ; et il arrive parfois que l’animal n’ait plus de ressort pour rentrer dans son logement, après avoir accompli son acte. La coquille de cet escargot industriel est noire et plus douce et agréable que le corps de l’outil lui-même. La clé de son fonctionnement, dont l’objectif est de loger la clé, est du ressort d’un ressort précisément. Lequel finit presque toujours par expirer brutalement dans le silence d’un matin pluvieux. Mais l’ensemble n’est pas isolé dans l’univers de la modernité quotidienne. Il est en effet fermement relié à un porte- clés (qui, en l’espèce, n’en porte d’ailleurs qu’une, celle dont nous parlons ici). Ce dernier, aussi glacé et métallique que l’objet de sa capture, est composé d’un anneau rigide et d’un objet oblongue en acier. Très londonien, cet objet, car marqué d’un « Harrod’s », certes aujourd’ hui à demi effacé, mais tellement chic !

La clé de ma voiture ( à la façon de Francis PONGE)
Débuté par lechat83, févr. 14 2014 11:00
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