A l’entrée, on distribue des voiles pour cacher ce que les femmes ont de plus beau : leurs épaules.
Têtes de mort et squelettes côtoient des angelots, à l’infini : la vie qui s’achève et celle qui commence...Ici, rien d’effrayant, même si nous savons que nous marchons sur des stèles funéraires... Les colonnes torsadées du baroque flamboyant symbolisent ce mouvement qui est l’essence même de la spirale : aller et retour, vis sans début ni fin, qui montre que la mort n’est qu’un point indéfinissable de la même spirale. La répétition des motifs ornementaux sur les murs dit la même chose : le retour et le plaisir du retour, le plaisir de la répétition...Rien d’effrayant, mais un ensemble qui plaît à l’œil et qui incline l’âme davantage à la volupté qu’à une méditation austère. Là, un gisant prend une pose presque voluptueuse, tandis que sur le sol, ce squelette gris, sur fond de marbre noir , d’un mouvement presque gracieux, improvise une gigue...Fastes, à l’infini, des plafonds...
On sent ces Chevaliers de Malte rudement enracinés dans le siècle, plus près, que de leurs âmes, de leurs armes, dont les trompettes répètent, ici ou là, dans un silence assourdissant, la renommée.
extrait de Fin de Siècle/Charmes/2000