C’était pour visiter un "combinat" chimique que nous avions fait toute cette route, sous le soleil, mais nous finîmes par nous trouver dans un musée où l’on célébrait ce qui était désormais un fantôme du passé : le travail communiste ! Mais les vingt millions de morts de la guerre parlaient encore, dans ce musée, hurlaient encore leurs souffrances, au travers des vitrines qui protégeaient les visages éternellement jeunes des combattants, au travers de ces objets qui avaient été les leurs (tabatières, quart, mouchoir, boîtes) et l’âme de deux poètes morts dans les marais qui entouraient la ville, Moussak Djalil et Bagritski, me fit un signe que je ne suis pas près d’oublier.
extrait de Fin de Siècle/Charmes/2000