De même qu’un son répété, à des cadences régulières, constitue la charpente sonore de la musique, de la même façon la répétition des espaces (hauteur, largeur, profondeur), l’harmonie des proportions d’un bâtiment constituent un rythme qui est comme la musique du silence.
L’on devine que, dans ce rythme, dans cette conjonction des formes, des couleurs, le hasard et la nécessité ont joué leur rôle : nécessité géométrique des formes qui se répètent, et dont la dimension est édictée par les plus anciens théorèmes de la Grèce antique, hasard du lieu choisi par Pierre pour bâtir cette ville, hasard du climat, du froid perçant de Novembre qui fait de la Néva, pétrifiée, immobile, une partie intégrante de l’architecture du centre de la ville, hasard de la douceur du vent de Mai qui agite les feuillages, dont le vert contraste, presque malencontreusement, avec cet artefact sublime : le vert véronèse des façades.
extrait de Fin de Siècle/Charmes/2000
