Les deux hommes entrent sur le ring illuminé.
Durs, forts, tous leurs sens, en éveil, sont acérés.
Les deux regards se croisent comme des coups de semonce.
Mis à l’épreuve, leur courage exige des réponses.
Destinés au combat, au combat ils se livrent
Et la force des poings de leurs chaînes les délivre.
Propulsés l’un contre l’autre tels des projectiles,
Ils oublient qu’en ce siècle ils sont nés en exil.
Sous l’impact de leurs coups le sol tremble et l’air vibre,
Jeté hors de ses gonds, le Temps perd l’équilibre,
Mais toujours leurs corps, toujours leurs âmes se redressent,
Prêts à frapper encore, nés pour frapper sans cesse.
Les esquives laissent dans l’air une indicible trace,
Les feintes, les attaques brusquement déchirent l’espace,
Et de leurs têtes s’envolent des gouttes de sueur, de sang
Et le sang, la sueur brillent sur ces corps de géants.
Parmi ceux qui ont tout donné ils ont leur place
Et jusqu’au bout à leur adversaire ils font face.
Quel que soit le verdict : même à terre, même vaincus,
« Jamais ils ne voudront n’avoir point combattu. »