Vents du désert
les corps se tordent
plus rien à peindre
seulement des natures mortes
temps de misères
s'il vous plaît
répondez-moi
cynique et patibulaire
j'ai dérogé à tous mes droits
chants du désert
des voix autrefois fortes
scandent des prières
abominablement monotones
champs de lumières
batailles à l'envers
ami qui nous prédira
quand en nos coeurs
l'harmonie rejaillira
vents du désert
chants de misères
vents du désert
champs de misère
insensiblement les poètes disparaissent
rongés par le confort
la dérision et l'ennui
ensevelis sous d'épaisses dunes de suspision
brisés par les mille comptes absurdes
de l'étroitesse d'existence
leurs survivants se réfugient
dans des gargouillis étouffés
et le sable recouvre leurs détresses
et le sable recouvre leurs caresses
et le sable recouvre leurs ivresses
le sable
le sable
le sable
le sable
les mondes imaginaires
se disloquent en rugissant
les derniers grands espaces sauvages
étouffent sous les charters des engraissés
là-bas
là-bas
là-bas
dans la chaleur
des orients extrêmes
des afriques laminées
des vierges excisées meurent
des enfants partent à la guerre
des cailloux pleuvent
et des fusils répondent
des fusils répondent
des fusils répondent
des fusils répondent
chants du désert
vents du désert....