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Glycine


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27 réponses à ce sujet

#1 Cyraknow

Cyraknow

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Posté 24 mai 2014 - 09:18

Glycine  

 

Le parfum capiteux de la mauve glycine,

Enveloppant et pur, habite l’air du soir ,

Survolant, de l’étang, le limpide miroir ;

Caressant les ombres que le couchant dessine.

 

Cachée dans la pénombre, une silhouette frêle

Profite des parfums au jardin japonais,

Tirant de la glycine un sentiment de paix.

L’on devine à peine la forme d’une ombrelle.

 

Quelle intrigue se noue entre les cœurs qui penchent,

Portée par le parfum de cette fleur d’amours ?

Car glycine aux amants sait être un grand secours,

Parlant d’affection aux âmes qui s’épanchent.

 

Il y a fort longtemps, lors d’une époque ancienne,

Cette scène d’amour se passait au jardin.

J’imaginais ce jeu léger, doux et badin,

L’observant sur ma tasse, antique porcelaine.

 

Qu’elle était donc jolie, cette petite tasse ;

Sur la porcelaine, les pâles dessins bleus

Illustraient un jardin tranquille et fabuleux.

Oh, pourquoi fallut-il qu’, un jour, on me la casse ?



#2 Esterina

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Posté 24 mai 2014 - 09:23

Merci pour ce délicat et délicieux moment de rêve...



#3 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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Posté 24 mai 2014 - 10:07

Mais le rêve, au dernier vers, se brise!! Quelle chute!!!

#4 Cyraknow

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Posté 24 mai 2014 - 11:19

Merci, Saint Michel et Esterina, de vos lectures et commentaires.

 

J'ai toujours aimé ces délicates tasses japonaises si fines et ornées de dessins si précieux.

Etant étudiante, c'était l'un des seuls jolis objets que je possédais, chiné dans une brocante, et sa brusque fin me laissa pendant plusieurs jours une profonde mélancolie.



#5 bɔētiane

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  • Une phrase ::"Les mots sont une peinture des choses"

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Posté 25 mai 2014 - 12:39

Absolument charmant, et charmée

                                               les vers sont soyeux

                                                            et la tasse à tout jamais gravée en toi - n'est-ce pas précieux ?

D'ailleurs, ce qui me plaît beaucoup, c'est cette petite magie à laquelle le lecteur ne s'attend pas : 

tes yeux ont emprunté ce regard ultraviolet

               dématérialisé le dessin de la tasse

                                  puis l'ont transporté dans un jardin de jadis

                                         que l'on imaginera délicat, à mille et une fragrances

j'aime ça^^

 

Belle journée à toi Cyraknow : )

 

 

 

 

PS. : l'hendéca termine les trois premiers quatrains (V 4, 8, 12) et ne revient qu'au V 18 (enfin je crois) -est-ce voulu ?



#6 FlorentM

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  • Une phrase ::J’écris lorsque je n’ai rien
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Posté 25 mai 2014 - 12:54

Merci Cyraknow pour ce superbe poème, lyrique et sensible, donnant à voir toute la palette des sentiments que la glycine peut faire naître.



#7 Cyraknow

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Posté 25 mai 2014 - 02:09

Merci Boetiane, Florent, de vos commentaires.

Tes commentaires, Boetiane, sont toujours empreints d'une telle poésie, que c'est un régal de les lire!

 

Cependant, il me semble bien que tous les vers , incluant aussi les vers 4, 8, 12 que tu mentionnes, sont en alexandrins.

N'oublie pas qu'en écriture versifiée classique, -tion se compte en 2 syllabes ( -ti / on) et que le E final n'est pas élidé si le mot suivant commence par une consonne, comme, par exemple:

ca / res / sant / les / om / bres / (césure) / que / le / cou / chant / des / sin' (e élidé ici)

Si tel n'est pas le cas, les hendéca sont une erreur qu'il me va falloir corriger.



#8 Escamillo Cavradossi

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Posté 25 mai 2014 - 05:18

"On" a cassé la tasse à dessein pour que  tu esquisses  cette glycine et ton bon poème exquis a volé le bleu de la tasse et le bleu à l'âme pour naître, telles les charmantes fleurs sur la fumure.



#9 Flot Riant

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Posté 25 mai 2014 - 08:16

une belle tasse casse, un poème nait. La création surgit de la destruction... Tout se transforme... Belle dynamique :) J'ai presque envie de dire merci à la personne qui l'a cassé ^^

La beauté reste, elle a simplement changé d'enveloppe ...



#10 Cyraknow

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Posté 25 mai 2014 - 09:03

Merci Escamillo, Flot Riant, de vos lectures et interprétations auxquelles je n'avais pas songé...



#11 bɔētiane

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Posté 26 mai 2014 - 02:07

Je te remercie pour ta réponse Cyraknow, je reviendrai par ici dès ce soir -le sujet m'intéresse : )



#12 bɔētiane

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Posté 26 mai 2014 - 07:37

Cependant, il me semble bien que tous les vers , incluant aussi les vers 4, 8, 12 que tu mentionnes, sont en alexandrins.

N'oublie pas qu'en écriture versifiée classique, -tion se compte en 2 syllabes ( -ti / on) et que le E final n'est pas élidé si le mot suivant commence par une consonne, comme, par exemple:

ca / res / sant / les / om / bres / (césure) / que / le / cou / chant / des / sin' (e élidé ici)

Si tel n'est pas le cas, les hendéca sont une erreur qu'il me va falloir corriger.

Bonsoir Cyraknow,

... et merci pour cette réponse. Je suis désolée de ne pas être revenue vers toi plus spontanément (suis pressée comme un citron en ce moment), mais j'y tenais

 

Il me semblait bien que Glycine avait été conçu selon les règles de prosodie classique. Depuis ta réponse, je suis quand même allée vérifier mes notes au cas où, et j'ai pu lire 1/ qu'il était « interdit » de placer le 'e' muet avant la césure (qui devient alors lyrique et oblige à appuyer le 'e' muet en le transformant en 'eu'*), et que 2/la seule façon de placer un 'e' muet à la césure était de l'élider. Sur les V 4,8, et 12, j'ai donc instinctivement élidé le 'e', ne comptant plus que 5 (et non 6) syllabes puisque l'hémistiche suivant commençait par une consonne

 

Ensuite, constatant que les derniers vers sur les quatrains 1, 2 et 4 étaient plutôt en hendéca, eh bien j'ai lu affection en synérèse (il faut dire que j'opte facilement pour la synérèse, tout simplement parce qu'elle correspond à une tendance naturelle de la diction courante). Néanmoins, les règles classiques sont autres, et tu as raison Cyraknow : elles privilégient la diérèse sur les mots en -ion, allongeant et mettant ainsi en valeur le mot en question

 

Voilà. Ceci étant, je suis quand même très rebelle, et donc fascinée par les écarts qui ont suivi les règles draconniennes de Malherbe -j'aime les licences et libertés que les symbolistes ont multipliées, et dans les textes un peu « métrés » que j'écrivais encore il y a quelques temps, je pratiquais largement la césure épique (tout aussi interdite), voire pire : j'allais jusqu'à me servir de la ponctuation et notamment de la virgule pour élider le 'e' terminal lorsque ça m'arrangeait : p Pourtant, je crois bien que les césures épiques et lyriques du Moyen-Age sont aussi délinquantes l'une que l'autre. Mais parce qu'il est nécessaire de savoir où se situent les frontières (pour mieux les enfreindre^^), j'aimerais bien un avis sur la question -en humble néophyte que je suis

 

Bon. Au-delà de toutes ces considérations très / trop techniques (pardon), je dirais bien que bousculer un peu le lecteur m'est trèèès voluptueux 

                                et ton poème

                                                     je l'aime ^^

 

Bien à toi Cyraknow

 

*peut-être est-ce moins criant pour le français chanté du sud de la France ?



#13 Escamillo Cavradossi

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Posté 27 mai 2014 - 06:43

l'exceptiiion souligne la règle.



#14 Invité_Mary-Loup_*

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Posté 29 mai 2014 - 03:54

Fragilité de la tasse, souligne la délicatesse des mots, qui peignent l'instant éphémère de toute chose. Très bel écrit .



#15 Cyraknow

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Posté 29 mai 2014 - 05:50

Merci Mary-Loup, de ta lecture et de ton ressenti.

Merci à toi aussi , Escamillo mio, pour ta contribution à cette discussion sur le E final.

À ce propos, Boetiane, tu te dis novice, mais tu en sais apparemment bien plus long que moi sur le sujet.
Je dois avouer que j'ai toujours eu du mal avec le E final... À élider, ou pas? Quand? Et surtout, pourquoi là plutôt qu'ici?
Cela m'a au départ été expliqué par différents poètes, pas tous d'accord sur le sujet... D'où mon incompréhension et mes arrachages de cheveux lorsque j'écris.

D'où ce cri du poète en détresse... Quelqu'un connaît-il un site ou un livre de prosodie fiable, qui puisse me renseigner clairement sur le pourquoi du comment du E final????
Prière de me renseigner, avant que je bazarde tous les E que je trouverai nichés dans mes poèmes!!

#16 serioscal

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Posté 29 mai 2014 - 06:13

Henri Meschonnic, Critique du rythme.
Il n'y a pas de vérité scientifique sur la versification mais des approches historiques. La versification canonique serait celle de Malherbe mais quel dommage de s'y limiter !
Et aujourd'hui (depuis un siècle et demi, quoi) le vers-système coexiste acec le vers sériel (autrement appelé "libre").

#17 M. de Saint-Michel

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Posté 29 mai 2014 - 06:28

Merci Mary-Loup, de ta lecture et de ton ressenti.

Merci à toi aussi , Escamillo mio, pour ta contribution à cette discussion sur le E final.

À ce propos, Boetiane, tu te dis novice, mais tu en sais apparemment bien plus long que moi sur le sujet.
Je dois avouer que j'ai toujours eu du mal avec le E final... À élider, ou pas? Quand? Et surtout, pourquoi là plutôt qu'ici?
Cela m'a au départ été expliqué par différents poètes, pas tous d'accord sur le sujet... D'où mon incompréhension et mes arrachages de cheveux lorsque j'écris.

D'où ce cri du poète en détresse... Quelqu'un connaît-il un site ou un livre de prosodie fiable, qui puisse me renseigner clairement sur le pourquoi du comment du E final????
Prière de me renseigner, avant que je bazarde tous les E que je trouverai nichés dans mes poèmes!!


Le "Petit Traité de versification française" de Maurice Grammont. Paru au début du XXème siècle, il reste toujours LA référence de la prosodie classique...

#18 bɔētiane

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Posté 29 mai 2014 - 07:22

Cyraknow, puis-je insister -suis réellement novice, si fragile en la matière

 

En fait, j'avais très sommairement basé le compte des syllabes sur l'écriture versifiée 'classique' dont tu faisais mention plus haut et qui me semblait être celle qu'il faut entendre entre Malherbe & Victor Hugo (ie. deux siècles environ), interdisant tout à la fois césures épique et lyrique... mais peut-être ai-je tort ?  

 

Y aurait-il quelqu'un pour nous éclairer -en live ?

 

merci : )



#19 serioscal

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Posté 29 mai 2014 - 07:39

Je ne suis pas spécialiste mais pour les vers concernés (comportant l'e) :

- On a bien des dodécasyllabes. En revanche il me semble que parler d'alexandrin ne convient pas car ils ont une césure irrégulière (ni 6-6 ni 3x4).

Si Cyraknow avait écrit une série d'hendécasyllabes on aurait effectivement pu assimiler ces vers à ce format.

L'e muet - et les diérèses effectives ou potentielles - apportent une incertitude rythmique qui sont un des petits bonheurs du poème. Ne cherchez pas à clouer ce qui ne peut l'être ! Et gardez près de vous les Ziaux et l'art poétique de Queneau, aussi facétieux que précis, pour vous convaincre de la nécessaire adaptation des règles à l'aujourd'hui de la parole.

Ou, plus grave (mais non dénué d'humour), on pourrait illustrer ce principe d'incertitude avec Mallarmé : "mystérieusement fui le suicide beau".


Parfois la réponse - est la question elle-même. Je ne sais si cela éclaire grand-chose mais comme disait Mallarmé (encore lui) :

"Puis - écarte la lampe."

#20 serioscal

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Posté 29 mai 2014 - 07:53

Ps : n'oublions pas que l'excès de rationalisation a conduit à un assèchement terrible de la poésie française au XVIIIe siècle. Autant les Malherbe, Boileau et Racine ont su épurer le vers à l'extrême sans perdre en invention, autant leurs zélateurs ont surtout progressé dans le poème soporifique.

#21 bɔētiane

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Posté 29 mai 2014 - 08:08

me concernant

 

Un coup de dés jamais n'abolira le hasard

         reste un point de départ^^



#22 serioscal

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Posté 29 mai 2014 - 08:09

Oui ! Mais lequel ?

#23 bɔētiane

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Posté 29 mai 2014 - 08:20

l'un des tout premiers poèmes typographiques^^

     subdivision prismatique de l'idée ?

          -l'écroulement d'un ordre

                         le XXème siècle

 

oeuf corse : )



#24 Cyraknow

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Posté 29 mai 2014 - 08:34

Merci Sérioscal et Saint Michel, de vos suggestions et éclaircissements.

Ainsi, à l'approche des vacances, je vais pouvoir me commander de la lecture, à éplucher soigneusement, dans le transat.

 

Bon, résumons-nous: Meschonnic, Mallarmé, Malherbes, Grammont.... je sens que je vais avoir du boulot devant moi...

 

Boétiane, quelle différence fais-tu entre césure épique et lyrique??

 

Je trouve tout ceci passionnant! 



#25 serioscal

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Posté 29 mai 2014 - 08:56

Meschonnic est un auteur touffu, complexe, parfois confus et abusif. Sa "Critique du rythme" reste pourtant un livre considérable dans la réflexion sur la poésie.

J'espère que tu ne me haïras pas si tu le commandes :-/

Sinon, il a écrit avec Gérard Dessons un "Traité du rythme" beaucoup plus didactique (il est destiné aux étudiants en littérature).

Le Grammont est un classique, en effet, qui répondra plus directement à tes attentes, je pense.

Sinon, une merveille à lire en matière de rythme (pas de métrique) est un tout petit essai de Paul Claudel intitulé "Propositions et réflexions sur le vers français" (on le trouve dans "Réflexions sur la poésie" si mon souvenir est bon). Je crois bien que personne n'a pensé le vers avec une telle acuité. Un petit extrait :


"1° La phrase française est composée d'une série de membres phonétiques ou ondes courtes avec accentuation et insistance plus ou moins longue de la voix sur la dernière syllabe. Ce caractère spécial du français a été étudié par un remarquable éducateur, M. L. Marchand, qui y voit la raison de ce qu'il appelle les doublets phonétiques, comme tu et toi, il et lui, etc., le même mot changeant de forme suivant la place qu'il occupe dans le phonème.De même on prononce dix sé sous et un franc dix sett, tou les enfants et ils y sont touss, appeler et j'appelle. Les syllabes ne sont donc en français par elles-mêmes nib brèves ni longues, et le phonème se compose d'une longue qui est toujours la dernière syllabe et d'un nombre variable et à peu près indifférent de syllabes neutres qui sont par rapport à elle toujours brèves quel que soit leur titre orthographique. (Déjà en latin Quintilien avait remarqué qu'il n'y avait ni brèves ni longues, mais breviores longioresque.) C'est ainsi que dans le beau vers emprunté au code pénal que je citais tout à l'heure et dont j'indique sommairement la scansion :
Sera mis de plus pendant la durée de sa peine - en état d'interdiction légale.
Les quatre syllabes lourdes d'interdiction sont traitées par la voix comme des brèves par rapport à la longue (fictive) de légale. Il est donc faux de dire qu'en français la quantité n'existe pas. Non seulement elle existe, mais elle est peut-être plus fortement marquée que dans aucune autre langue. On peut dire aussi que le français est composé d'une série d'iambes dont l'élément long est la dernière syllabe du phonème et l'élément bref un nombre indéterminé pouvant aller jusqu'à cinq ou six de syllabes indifférentes qui le précèdent."

Ici commence la théorie moderne du rythme.

#26 Cyraknow

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Posté 29 mai 2014 - 10:56

Je ne te promets pas encore de ne pas te haïr, Sério, il faudra avant tout que je me tape le bouquin... ensuite je te dirai si je te hais ou non.

Ca a l'air ardu !!

 

Cela dit, l'extrait de Claudel est fascinant. Il va falloir que je le décortique, et que je me lance plus avant dans l'aventure du E !!

La métrique en général, ça va, mais il y a encore des subtilités que j'ai du mal à capter...

 

Merci en tous cas pour tes nombreuses suggestions et tes conseils avisés.



#27 bɔētiane

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Posté 29 mai 2014 - 11:01

Cyraknow, sur ce que j'avais compris des césures 

(mais peut-être est-ce faux... merci de me contredire -anyone ? s'il y a lieu ) :

 

1/ la césure épique consiste à élider le 'e' avant césure, comme il en était parfois d'usage au Moyen-Age (lorsque le deuxième hémistiche commence par une consonne) ; celle-ci a néanmoins été reprise par Apollinaire dans Les Colchiques par exemple : Les enfants de l'écol(e) / viennent avec fracas (à lire en dodéca)

 

2/ la césure lyrique consiste, elle, à prononcer pleinement le 'e' final avant césure (ie. 'eu') comme dans les vers 4, 8 et 18 de Glycine

 

... ces deux césures étant soi-disant "interdites" selon les canons classiques (¿TBC hey?)

 

Merci pour tes précisions Serioscal 

 

J'avais compris de mes cours un peu académiques que le français plaçait son accent sur le syntagme, contrairement à l'anglais (par exemple) qui, lui, place l'accent sur les syllabes du mot (accent principal -et secondaire lorsque le mot est supérieur à trois syllabes), mais il subsiste parfois sur le syntagme (eg. a white house vs the 'White House), chaque langue ayant une musicalité qui lui est propre^^

 

Les affirmations de Paul Claudel me semblent également faire sens :

Il est faux de dire qu'en français la quantité n'existe pas : d'accord avec ça, d'autant plus si l'on habite dans le sudeu deu la Franceu^^

 

bien à vous,

et belle nuit à tous



#28 Cyraknow

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Posté 29 mai 2014 - 11:21

Eh bien suite à toutes ces considérations sur la poésie, je me coucherai moins bête ce soir...

 

Merci Boétiane de ton ajout, qui a ajouté à ma culture.

Je ne savais absolument pas de quoi tu parlais, tout à l'heure, avec les deux types de césure.

Voilà ce qui arrive quand on fait son lycée à l'étranger, il manque des bases !!!

 

Eh bien, bonne nuit à tous, je sens que je vais avoir de la lecture à rattraper !!