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Écoutez-moi bien avec vos yeux. (1)


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49 réponses à ce sujet

#1 J.G. Mads

J.G. Mads

    J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 07:32

Tel artiste cuisine pour ses amis comme il sculpte la pierre et le bois, avec une grande liberté, un soin inspiré proche du recueillement. Je reconnais dans les repas qu'il nous confectionne cette même recherche instinctive d'harmonies multiples qui anime ses volumes – son regard, son style. Les œuvres complètes de Marguerite Duras contiennent d'excellentes recettes. Vincent Van Gogh écrivait comme il peignait, mais mangeait peu, mais sinon je suis sûr qu'il devait cuisiner exactement comme il peignait lui aussi, à la japonaise. Les lettres de Vincent sont de purs poèmes, comme les recettes de cuisine de Marguerite, comme les repas de cet ami. De même que le théâtre est moins un genre littéraire qu'un spectacle, la poésie est moins un genre littéraire qu'un mode de vie. Le poète digne, studieux et fantasque, ne joue pas à « si-j'écrivais-un-poème » ! Il dit. C'est tout. Il n'a qu'à dire. Tout ce qu'il dit est poésie. De même que le comédien fusionne avec le personnage qu'il incarne sur scène, le poète ne fait qu'un et un avec son destin – qui est de dire, de dicter, d'édicter, de maudire, de prédire, de redire et de se contredire. Le poète écoute mieux qu'il ne parle souvent avec les yeux d'ailleurs ses poèmes ne doivent pas être lus à voix haute.



#2 Hattie

Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 08:08

ça c'est du blabla pour classe de 5ème



#3 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 08:30

mauvaise foi de l'orgueil blessé à mort

 

allez saigner ailleurs


je passais par hasard, j'ai lu votre poésie, émis une critique spontanée, sans arrière-pensée, pour vous rendre service gratuitement, pour vous faire avancer...


pas la peine de venir chier après au pied de mes poèmes



#4 Hattie

Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 08:32

Aucune mauvaise foi, aucun orgueil, aucun saignement

Relisez-vous : je n'ai guère le temps-là, mais vos découpes systématiques sont insuffisantes,

et, de plus, vous faites le contraire de vos prescriptions, à savoir : vous vous écoutez parler, là.

 

-----------------

 

et puisque vous le rajoutez : je ne viens pas chier au pied de vos poèmes, je dis un peu brutalement ce que j'en pense, suite à votre brutalité.

C'est tout.



#5 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 08:35

je vais te découper autre chose Dugland moi va chier ailleurs ou je te défonce la moelle


"découpes insuffisantes"

 

pauvre con



#6 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 08:36

Ah ! la poésie... vous offre bien des surprises.

Salut.



#7 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 08:37

je vais t'en découper des surprises

 

tu m'en diras des nouvelles si elles sont insuffisantes à ton goût



#8 Hattie

Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 08:39

mauvaise foi de l'orgueil blessé à mort
 
allez saigner ailleurs

je passais par hasard, j'ai lu votre poésie, émis une critique spontanée, sans arrière-pensée, pour vous rendre service gratuitement, pour vous faire avancer...

pas la peine de venir chier après au pied de mes poèmes



#9 Champdefaye

Champdefaye

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  • Une phrase ::L'éléphant est irréfutable.

Posté 08 juillet 2014 - 09:11

Hattie, pas d'accord avec vous: J'ai aimé le texte "Ecoutez..."

Mais, Mads, Capitaine, Ô Capitaine, votre réaction est indigne: Orgueil blessé, vulgarité naturelle, ou bien réglement d'un contentieux antérieur que j'ignorerais? Ou bien tout à la fois?

J'attends la foudre...



#10 Hattie

Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 09:28

Je n'ai pas dit que je n'aimais pas... simplement que je trouvais cela trop professoral.

 

J'y reviendrai, si vous voulez, mais je doute que cela soit salutaire (là, je n'ai pas le temps... je pique des secondes à droite et à gauche)



#11 Anwen

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  • Une phrase ::«La route vers l'inconnu est toujours bienvenue»

Posté 08 juillet 2014 - 10:00

je vais te découper autre chose Dugland moi va chier ailleurs ou je te défonce la moelle

"découpes insuffisantes"
 
pauvre con

...visiblement les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! Ou j'ai mal entendu... j'avais pas mes lunettes... ^^
Quant à la cuisine, ma foi, c'est du pré-digéré de chez Roland Barthes. Rien de bien nouveau donc, et je ne dis pas ça parce que je n'aime pas Mme Duras... mais... j'aime pas Duras ! :P cela dit, tout le monde s'en fout !

Et sinon... "son poème ne se dit pas à voix haute" ? Oui, effectivement, si on prend "voix haute" comme une récitation en classe. Mais la voix au sens plus large, son souffle, son rythme, son aspect temporel (vs le purement espace de la lettre), sa matière intime... est indispensable au poétique, je crois. Regardez-moi bien avec vos oreilles, pour faire dans l'inversion de cliché ! :)

#12 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 10:25

... à ceci près que j'aime Duras :)

Quant à Barthes il était pour la douceur, lui, le neutre.

 

Je reviendrai, sauf polémique à n'en pas sortir, expliquer mon point de vue.

 

(non, Chamdefaye, puisque vous vous posez la question, dans ce que j'en sais, aucun antécédent contentieux entre nous...

Ce dont tout le monde se fout, d'ailleurs/



#13 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 11:05

Barthes, why not

 

y en a

 

pas faux le rapprochement

 

pas suffisant, toutefois


Barthes n'aurait jamais pu écrire la dernière phrase de mon texte, si vous lisez bien. Une phrase désossée à 100%. Elle constitue la chute de ce texte qu'on doit lire comme un pur poème en prose. Barthes, sauf erreur, n'a jamais écrit de poème, même si sa prose de professeur était poétique.


Je conseille son très posthume Journal de deuil

 

un chef d'oeuvre !

 

 

Mon texte là-haut, un poème ? pas un poème ? je suis sûr que certains ne voient pas le rapport

 

allez, je vous donne une petite leçon de poésie en prose au passage, ça ne vous fera de mal :

 

d'abord, observez la structure :

 

Première partie (circulaire) : du début à "comme les repas de cet ami"

 

Deuxième patrie (symétrique) : "De même..."/""De même..."

 

Chute : une seule phrase, relativement longue, sans ponctuation, "désossée"


comme la chute renvoie au titre, on note que la rotondité du poème s'en trouve renforcée


je vous laisse cinq minutes pour relever quelques gradations croissantes et étudier l'usage du rythme ternaire dans mon poème

 

ensuite, on causera : accumulations, antithèse, asyndète, parallèle et polyphonie


écoutez-moi bien avec vos yeux, je vous dis



#14 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 11:57

Sur la forme, le relief n'y est pas : du découpage, de l'architecture selon une structure pré-formatée. Froideur. Cela se sent à la lecture.
Sur le fond, le poème est posé comme une conversation/sous-conversation, un peu à la Sarraute dans l'ère du soupçon.

 

Voilà pour le côté professoral en question.

Vu les développements donnés ci-dessus, je ne crois pas m'être trop égarée en parlant de '' découpes systématiques '' et  '' insuffisantes ''



#15 Anwen

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Posté 08 juillet 2014 - 11:58

Questions tout à fait naïves :
Cette hyper-préméditation structurelle n'est-elle pas un peu en contradiction avec ce que dit le texte (ne pas jouer à être poète) ?
- Le rythme et les figures de style et de structure font-elles de votre texte de la prose poétique ? Je dis cela uniquement parce que j'aime la prose et qu'un texte bien construit, balancé et rhétorique n'a pas besoin de s'attribuer le qualificatif "poétique" pour être noble.
- Dans la même veine, que dites vous de la fonction poétique du langage ? Elle me paraît un peu loin ici...

Et encore une fois, ce ne sont que des questions réelles et curieuse, non un besoin de polémiquer...

#16 J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 12:56

1) tout d'abord, la structure de mon poème n'est pas le point de départ, mais d'arrivée

 

c'est le texte qui me dit qu'il est achevé


aucune préméditation, mais de l'improvisation... à laquelle je donne une forme

 

2) ensuite, je pose la composition comme critère définitoire du poème en prose


3) il ne faut pas confondre "prose poétique" (style d'écriture) et "poème en prose" (genre littéraire)


4) le jeu avec toutes les contradictions, avec LA contradiction en général : c'est justement ce que permet le travail poétique : j'explore l'infiniment contradictoire


5) Le rythme et les figures de style, comme vous dites, et la composition, la concentration du sens, la polysémie, la polyphonie... tout ceci fait de mon texticule un poème à 100%.  



#17 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 01:45

6) la "fonction poétique" du langage clignote lorsque l'on fait du message un objet esthétique : CQFD 


besoin de précisions complémentaires ?


j'insiste sur un point crucial : l'improvisation

 

c'est la clé que seul le maître possède, c'est sa baguette magique de chef d'orchestre

le texte final aura une forme ultra précise, il sera finement composé, aussi finement structuré qu'il sera bref : la concentration du sens est l'une des principales caractéristiques de la poésie

 

mais la structure de son poème, le poète ne la connaît pas par avance

 

la structure du poème émerge naturellement selon le(s) sens du texte, qui conquiert progressivement son autonomie (jusqu'à dire, par sa forme même, qu'il est achevé)


la composition est chaotique, quand si nécessaire


on ne peut pas savoir ce qu'on va dire


ni comment ça va sortir de notre "bouche mentale"


condition sine qua non à la virginité du geste artistique


selon moi que l'improvisation


qu'est-ce maintenant que cette histoire de "virginité artistique", vous allez dire... ? demander ?


"virginité" ou "désintéressement"


ou "naïveté"


il faut tout savoir pour pouvoir tout oublier, au moment de composer, de pianoter


tout ce qu'il sait est sans intérêt : c'est tout ce qu'il va découvrir qui intéresse le poète


mais il ne peut rien découvrir s'il ne sait rien


je continue ?



#18 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 01:47

ce n'est pas inintéressant, continuez, oui...



#19 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 02:09

hu ?


bien, bon. Je continue, alors.


qu'est-ce que je disais ?


Quels messages mon poème contient-il ? C'est ce que nous allons voir maintenant. Pourquoi l'ai-je écrit ? C'est ce que le poète découvre quand il a fini.


Ce que JE.


dans ce poème, je plaide pour une poésie silencieuse, pour une poésie littéraire "sur-baroque" (à la fois baroque/précieuse et simple/populaire)


si on peut dire


je plaide pour la solitude


"Van Gogh..."... "De même que le comédien fusionne avec le personnage qu'il incarne sur scène, le poète ne fait qu'un et un avec son destin"....

 

et en même temps la première partie, essentiellement autobiographique, fait allusion à des repas entre amis


à une amitié en particulier


cette première partie établit l'équation suivante :

 

cuisine = poésie = peinture


les recettes de cuisine (de Marguerite) et les lettres (de Vincent à son frère) sont des objets textuels autonomes, sinon lapidaires, au moins très concentrés et surtout tournés vers la vie pratique


des "poèmes" pratiques, si on veut



#20 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 02:56

l'équation "cuisine = poésie = peinture" sous-entend une multitude d'autres correspondances possibles ; cette équation est un raccourci pour dire deux choses principalement : 1) tous ceux qui écrivent des poèmes ne sont pas poètes ; 2) tous les poètes n'écrivent pas des poèmes (certains artistes même préfèrent se taire)


propos anarchiste, donc


c'est paradoxalement sa transversalité qui définit la poésie en tant que genre à part


je veux dire : l'art et la poésie sont deux mots pour un seul phénomène


ici tout le monde joue à "si-j'écrivais-un-poème"


tout le monde imite la forme poétique, croyant que cela suffit à faire de leur texte un "poème"


ils usent de mots plus ou moins précieux (souvent les mêmes), ils vont à la ligne avec un air solennel


ils parlent de grandes choses délicates de façon plus ou moins ésotérique


ils affectionnent le domaine minéral


les oiseaux, l'amour


ils tuent la poésie dans l'oeuf


la poésie, c'est le contraire justement de la servilité


le contraire de la banalité


la poésie n'est pas minérale, elle est charnelle, nerveuse


si on sait précisément ce qu'on va dire et comment on va le dire avant de composer, alors inutile de créer


mon poème se veut pratique, une épître au lecteur, une recette si on veut

 

c'est d'ailleurs cette "recette" que j'analyse en ce moment


pour vous


le lecteur de poésie doit faire comme le poète, il doit chanter et crier dans sa tête


je ne compose pas des discours pour le plein air, ni des chansons


je ne suis pas un orateur


ma parole passe par vos yeux

ma voix doit couler dans votre regard


mon poème, produire son effet principal à l'intérieur de votre petite boîte crânienne

pour plus de dégâts


si j'ai besoin du galop de la prose ou bien du trot des vers, ça dépend

 

là, je suis au pas


je suis las


j'arrête là


je vous laisse finir l'analyse du texte, moi je suis en vacances



#21 Cyraknow

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Posté 08 juillet 2014 - 03:03

je vais te découper autre chose Dugland moi va chier ailleurs ou je te défonce la moelle
"découpes insuffisantes"
 
pauvre con


Eh ben ça c'est de la poésie pure, n'est-ce pas?
Je constate que l'auteur vit selon ses préceptes... Il a besoin de dire, alors il dit.

#22 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 03:06

Madame ramène sa poire moraleuse


les vrais poètes n'ont pas peur des mots et ils luttent contre TOUTES les ségrégations : linguistiques, sociales, raciales, etc.



#23 Cyraknow

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Posté 08 juillet 2014 - 03:08

Non, sinon je serais moralisatrice, et non dotée d'un adjectif inexistant.
Simplement, je constate ce que j'ai dit. Tu évoques un précepte, et tu t'y tiens. Logique, même si grossier.

#24 J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 03:11

chuis pour la mixité


l'adjectif n'existait pas jusqu'à ce que je l'invente

 

je suis poète, je fais ce que avec le langage je veux


sinon, oui, je fais ce que je dis

 

(pour une fois)

 

merci



#25 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 03:46

Très très intéressant, Capitaine Mads.... Bien sûr, j'y reviendrai, avec un peu de temps et de relecture.

Il y a tant de choses que je partage dans ce que vous avez avancé...

A bientôt... Merci.



#26 J.G. Mads

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Posté 08 juillet 2014 - 04:43

en général il y a une émotion authentique à l'origine de mes poèmes, j'essaie de la traduire

 

pas un sentiment, une émotion

 

& tout mon poème vise la communication de cette émotion au lecteur, par tous les moyens textuels à ma disposition


les idées que je développe dans mon poème importent moins que cette émotion


après, la façon dont mon discours s'organise dépend de l'émotion en question, de son intensité, etc.


par exemple, quand je suis en colère, ça se voit tout de suite : j'emploie des lettres capitales, j'écris gros, mes paragraphes sont brefs, etc.

 

alors, je ne fais pas semblant d'être en colère : aucun recul !

 

le poète n'a aucun recul, AUCUN RECUL !

 

s'il en prenait ne serait-ce qu'un petit peu, il tomberait immédiatement !


je l'avoue : j'écris sous le coup de l'émotion



#27 Hattie

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Posté 08 juillet 2014 - 07:45

Ce avec quoi je suis entièrement d'accord :


aucune préméditation, mais de l'improvisation... à laquelle je donne une forme
ensuite, je pose la composition / mais la structure de son poème, le poète ne la connaît pas par avance
 la structure du poème émerge naturellement selon le(s) sens du texte, qui conquiert progressivement son autonomie
la composition est chaotique, quand nécessaire
on ne peut pas savoir ce qu'on va dire ni comment ça va sortir de notre "bouche mentale"
"virginité" ou "désintéressement" ou "naïveté" du geste artistique
Quels messages mon poème contient-il ? Pourquoi l'ai-je écrit ? C'est ce que le poète découvre quand il a fini.. Ce que JE.
1) tous ceux qui écrivent des poèmes ne sont pas poètes ; 2) tous les poètes n'écrivent pas des poèmes (certains artistes même préfèrent se taire)

c'est paradoxalement sa transversalité qui définit la poésie en tant que genre à part



Ce avec quoi je ne suis pas aussi catégorique que toi :

ici tout le monde joue à "si-j'écrivais-un-poème"
tout le monde imite la forme poétique, croyant que cela suffit à faire de leur texte un "poème"
ils usent de mots plus ou moins précieux (souvent les mêmes), ils vont à la ligne avec un air solennel
ils parlent de grandes choses délicates de façon plus ou moins ésotérique
ils affectionnent le domaine minéral, les oiseaux, l'amour
ils tuent la poésie dans l'oeuf

la poésie, c'est le contraire justement de la servilité
le contraire de la banalité


la poésie n'est pas minérale, elle est charnelle, nerveuse


'' Ici, tout le monde... '' : ne serait-ce pas un tantinet trop catégorique, une généralité ô combien abusive et englobante ?

Parler de '' servilité '' en écriture poétique pour quelques malheureux clichés, images et métaphores poétiques... c'est un peu comme parler de prostitution pour un baiser échangé !
De plus, si je puis me permettre, la banalité peut être très poétique -


Par contre, - quant à moi - le parallèle (hyper cliché) de poésie // cuisine... ne me va pas du tout. Car cuisiner m'emmerde grave... : du menu à établir, aux courses à prévoir, à la réalisation, les doigts qui collent, les taches de gras, le poivre qui fait éternuer et les oignons pleurer, la table à dresser, sans oublier le plat à récurer, et ajouter Calgoan rince-plus-blanc...C'est pas ça la poésie ! Ouf !

Comme toi, depuis que j'écris, j'ai la certitude que la poésie est charnelle, que c'est une langue corporelle, aimante, nerveuse, maternante, physique, mentale, maltraitante (parfois), etc. Rien de très nouveau sous le ciel de la poésie. Cependant, rien n'empêche d'autres éléments de nourrir nos imaginaires, mémoires, volontés, conscients, inconscients, archétypes. Par exemple : langue minérale. Ce n'est pas de la servilité, de la copie, du faire-poésie, c'est notre Culture. Notre nourriture.

Je ne pense pas que tu sois le seul, ici, à avoir une émotion en amont d'un poème, avec tentative de traduire cette émotion.
 



#28 Anwen

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Posté 08 juillet 2014 - 08:52

Savez-vous, J.G. Mads, qu'à chaque fois que vous faites une modification nous recevons un message ? Enfin j'en reçois un, j'ai dû merder dans la configuration ! Et donc j'avais 80 messages de vous dans ma boîte ce soir… C’est dire à quel point vous êtes dans l'impro et la spontanéité ! :D
Je voudrais simplement vous dire que vous avez effectivement raison sur beaucoup de points, mais que vous vous fourvoyez au moins autant que ceux que vous critiquez de si haut ! Ecrire en gros caractères, en lettres capitales avec des phrases courtes lorsque l'on est en colère, pardonnez-moi, mais c’est à peu près aussi original que le regard de braise ou l'amour-toujours ! Ce ne sont que des conventions et il y a longtemps que je ne crois plus ni à la mimésis ni au cratylisme. Tout au plus ai-je encore un peu de fois en la valeur du blanc. En outre l'accent que vous mettez sur le visuel dans votre vocabulaire métaphorique dénote un conformisme absolu à notre société actuelle qui repose quasi exclusivement sur l'image et le paraître, l'immédiat supposé entre oeil et cerveau (voire oeil et conscience !). Enfin l’idée de « message » me semble tout à fait scolaire. Il n'y a pas, à mon sens, de message caché dans un poème ou un texte littéraire.
La poésie que vous recherchez, qui est matière charnelle et cri intérieur ne devraient avoir besoin d'aucune fioriture, qu'elle soit stylistique ou graphique. Elle ne devrait pas être regardée ni entendue mais atteindre au cœur même de l’être, sans artifice. Mais je suppose qu'on ne peut que tendre vers cet idéalisme, le langage même étant arbitraire. Et si vous vous énerviez en minuscules, vous ne feriez que prendre le contrepied de règles existantes et en instaurer d'autres. Je crois donc que ce qui importe c'est d'avoir conscience de nos propres allégeances, de nos routines, des conventions données ou acquises et de faire de notre mieux pour en jouer, aller au-delà, s’en servir à propos en se remettant sans cesse en question jusqu’à trouver cet équilibre subtile qu’est le rythme intérieur. Et pour cela, malheureusement, il n'y a de recette que personnelle…
Bonnes vacances !

#29 Hattie

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Posté 09 juillet 2014 - 05:58

Livre pour livre, je prends très volontiers le Barthes, et je prête le Bachelard (comme on prend un bled en vacances) : La Terre et les rêveries de la volonté.

C'est ma touche humour à propos de la servilité. Bonnes vacances :-)



#30 J.G. Mads

J.G. Mads

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Posté 09 juillet 2014 - 06:06

ok je veux bien prendre quelques égratignures méritées (certaines faiblesses de mon propos me sautent aux yeux ce matin ; j'y reviendrai)

 

mais je dois répondre à 2 ou 3 trucs encore :

 

1- Non, le mot "servilité" n'est pas trop fort quand la Poésie/l'Art se situe au coeur de votre vie, ce qui est MON cas. Pour moi, les enjeux artistiques sont existentiels, métaphysiques, tout ce que vous voudrez : l'Art relève du sacré – ce que notre époque corrompue a oublié !

Je désigne par "servilité" l'attitude vide et vaine, conformiste, imitatrice-reproductrice fière de formes obsolètes ; cette servilité est partout, massive, elle salit tout. « Servilité » ou « sado-maso-sentimentalisme », c'est pour moi en gros la même chose, c'est l'ennemi, l'infâme à écraser : cet acquiescement stupide !

 

2- On se fout du "poétique" ou "pas poétique" : vous employez cet adjectif dans son sens le plus faible, vous auriez aussi bien pu dire "romantique" ou "charmante", c'est ridicule : la poésie n'ignore aucun sujet, aucun domaine ; elle peut traiter de la banalité évidemment, cependant elle doit le faire d'une manière ultra personnelle singulière radicale profonde nouvelle intéressante utile : la banalité n'est pas plus ni moins poétique que l'extraordinaire, ça ne veut rien dire ! Une poésie neutre et lisse, rien de plus aisé à produire, rien de plus assommant surtout ! La poésie est un nerf vital à pincer très fort si on veut que nos ondes traversent un peu l'infini.