14 réponses à ce sujet

[Champdefaye]

Prends ta tête à deux mains,

Mon cousin,

Écorche la grammaire,

Mon p´tit frère!

 

Oublie donc l'orthographe,

Tête de piaf,

Et la ponctuation,

Tête de thon!

 

Truismes et clichés,

Stéréotypes, poncifs,

Use du pré-mâché!

Les lieux communs, ils kiffent!

 

Pars à leur découverte

Et puis, joyeusement,

Des portes grand ouvertes

Enfonce les battants !

 

Ensuite prends ton luth

Et tes allégories

Et tes anacoluthes

Dans ta catégorie:

 

Sois ange ou bien démon,

Romantique ou cruel,

Lyre ou accordéon,

Ou encore arc-en-ciel.

 

Muni des ces préceptes,

Maintenant écris-moi

Quelques phrases ineptes,

Des trucs bien à la noix.

 

Découpe-moi bientôt

Ces éléments sublimes

En tout petits morceaux

Sans rechercher la rime.

 

Personne ne comprend

Ce que tu voulais dire?

Injurie largement,

Méprise ou bien soupire,

 

Mais n'explique jamais

En mots intelligibles

Car déchoir ce serait

D'être compréhensible.

 

Si tu peux faire tout ça

Sans  rire ni cannabis

Si tu peux,  tu seras

Un poète, mon fils

[Cyraknow]

Il y a une certaine cruauté, là, Champdefaye, non??

En tout cas, que de vérités énoncées ici... il y a , il est vrai, grand nombre de scribouillards qui se veulent poètes mais ne savent conjuguer, ni écrire sans fautes, et beaucoup encore qui n'acceptent guère la moindre critique... 

Mais, bon, il en est ainsi aussi des auteurs de prose, pas seulement des poètes. 

 

J'ai beaucoup ri en le lisant. Bel écrit.

[Selphie]

waoh!

[Champdefaye]

Alors que je voulais seulement modifier un vers (Personne ne comprend ...) , des 75 insolites sont apparus en tête de chaque vers. C'est sans doute que j'habite Paris. Attention délicate, mais regrettable pour la compréhension du poème.
J'espère que l'on prendra ça pour audacieuse licence poétique.

[Cyraknow]

Mince alors!!! Je n'avais encore jamais vu ça, comme problème!!!

[Hattie]

Je ne trouve aucune vérité(s) là-dedans. Souvent, il y a bien moins de poésie dans des textes hyper-académiques, bien rédigés, lisses, formatés, voire pédagogiques, sans faute d'orthographe, de grammaire ou de conjugaison, à la syntaxe nickel... mais dans lesquels il manque l'essentiel, l'âme. Ni la grammaire, ni la conjugaison, ni l'orthographe, ni la belle rédaction, ni la syntaxe, etc. ne font poésie, et encore moins le poète. Je ne prêche pas pour une orthographe décousue ou une syntaxe approximative, mais la poésie n'est pas un genre littéraire ordinaire, sauf à vouloir la classer pour l'étude ou comme sujet de rédaction.

[Cyraknow]

Le problème, c'est que si on ne peut pas la lire ni la comprendre tant il y a de fautes diverses (syntaxe, orthographe, emploi du lexique, conjugaison, accords... ), ce n'est plus de la poésie !!!

Il m'est déjà arrivé de devoir lire à voix haute une copie d'une élève, car à la lecture la copie n'avait absolument aucun sens, mais à l'oreille il me fut possible de deviner la plupart des mots.

Exemple: "lom comme ansa" ="l'homme commença"
Je lui demandai si c'était le verbe commer ou le verbe anser, vu qu'il y avait deux mots. En haussant les épaules, elle me répondit avec aplomb " ben non, commencer, quoi, madame!"
Lorsque je lui fis remarquer que commencer est en un mot, donc ses formes conjuguées aussi, elle me repondit "ah ouais, pas faux. Mais bon, moi j'chuis nulle en conjugaison, alors..." Nulle ou pas, le fait de ne pas pouvoir couper un mot en deux ne l'avait pas frappée.
Comment peut-on lire des truc pareils???

Ça va beaucoup mieux, sur tlp, mais dans les débuts, j'ai lu de sacrés trucs...

[Hattie]

Oui, mais là tu tombes dans un cas extrême... Et, qui plus est, tu te situes en tant que '' prof ''.

C'est un peu, beaucoup, ce que je regrette chez toi : ce côté prof qui revient sans cesse, dans tes commentaires, tes exemples, tes anecdotes, ton côté pédagogique jusque dans tes commentaires et textes.

 

J'ai, parfois, souvent, ici, l'impression d'être dans la salle des profs. Or, pour moi, la poésie est tout à fait autre chose qu'une simple rédaction de texte.

Ceci dit sans aucune méchanceté, sans agressivité, sans désir aucun de polémique, mais très souvent étonnée, déconnectée, de certains commentaires scolaires,

type '' bravo, félicitations, attention aux fautes, génie '' etc.

[Selphie]

Moi, je crois qu'il y a autant de formes de sensibilité que d'individus, donc autant de formes d'expression et de réception.

On peut lire jusqu'au bout ou sauter quand ça nous "casse les pieds (!)".

Quelque part, une critique peut être une marque d'attention.

[Champdefaye]

Pas plus que la grammaire, la faute ou l'absence de grammaire ne font le poète. Cependant, je ne me rappelle pas avoir vu beaucoup de fautes d'orthographe chez Vigny, Musset, Hugo, Rimbaud, Desnos, Prévert, Houellebecq...
La faute d'orthographe ou, plus généralement, la faute de grammaire ne fait qu' écorcher un peu les yeux. Elle est comparable à la fausse note dans l'exécution d'une chanson. Elle n'est pas grave et demeure excusable (et corrigible), sauf quand on veut l'excuser à tout prix par la fameuse licence poétique.
Ce qui me gêne davantage, ce sont les clichés, les lieux communs. Depuis longtemps, on n'a plus le droit de parler d'Aurore aux doigts de rose, sauf à vouloir faire une référence évidente à Homère. Depuis longtemps, il faut avoir du talent si on veut mettre en scène des personnages ou des situations bien conventionnels, sauf à vouloir justement faire rire de ces situations et de ces personnages.
C'est à peu près ce que j'ai voulu dire dans ma caricature versifiée, je n'ai pas dit poème, inspirée de très loin par Kipling.
J'aime aussi les audaces, les transgressions et autres libertés prises avec les règles. Mais je pense qu'on a le droit de se moquer des chansons du barde du village d'Asterix.

[Hattie]

Je ne me souviens pas, non plus, avoir lu Houellebecq, Prévert, Rimbaud, Hugo et les autres... écrivant ici, sur TLP. Dommage. :-))

[Selphie]

Pour certains, ce serait difficile!

[Hattie]

Et pour d'autres, aussi ! Sourire.

[Selphie]

sans doute!

[Champdefaye]

J'ai pu supprimer les mystérieux 75 qui précédaient chaque ligne.

Me voila redevenu mentalement rassuré et départementalement anonyme.