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Chutes en automne (reprise)


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75 réponses à ce sujet

#61 Victorugueux

Victorugueux

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Posté 15 novembre 2014 - 02:54

Raaaahhhh si les grecs anciens

dont Aristophane.... ils avaient connus la TV

La tragédie c'est tellement humain

Perso je trouve leurs destins trop prévisibles

Des scénaristes du genre Deus-Machina



#62 serioscal

serioscal

    Serialismo Rigoroso

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Posté 15 novembre 2014 - 06:49

Le personnage de Don Pedro, dans Frijolito, est certainement l'un des plus émouvants de toute l'histoire de la telenovela. Il a sombré dans l'alcoolisme, abandonné femme et enfants avant de se reconstruire. Son fils est un sadique de la pire espèce. Pourtant, il n'est pas dénué de scrupules. Il aime Margarita, ce qui lui interdit certaines exactions (il ne pourra tuer Frijolito, par exemple). Gregorio, le fils de Pedro, ne cesse de harceler et d'humilier son père qui, en dépit de ses erreurs passées, est un homme bon. Il est le meilleur des hommes, sans doute : il ne cesse de lutter contre lui-même. Pourtant, il se laisse mourir. Alors qu'il a retrouvé l'amour, alors que ses enfants lui ont pardonné, au moment même ou il peut réunir les siens, il meurt. Et devient ange - l'ange gardien de Frijolito. Et en mourant, il délivre cet étrange message : "Le bonheur est une photo. Prenez-la ! Ne la laissez pas s'échapper." Il a pu prendre la sienne, aux derniers instants de sa vie. Le pardon, la lutte menée non contre autrui mais contre soi, l'amour qui reunit et non ccelui qui accapare... Tels sont les fondamentaux d'une morale imprégnée de croyance mais non de religiosité.

Dans sa naïveté enfantine, dans ce défi de la vie et de l'amour à l'autorité morale et religieuse, Frijolito présente à l'extrême les complexités de la métaphysique des telenovelas. Chacun des personnages de la série mériterait une étude détaillée.



#63 serioscal

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Posté 15 novembre 2014 - 08:41

Raaaahhhh si les grecs anciens

dont Aristophane.... ils avaient connus la TV

La tragédie c'est tellement humain

Perso je trouve leurs destins trop prévisibles

Des scénaristes du genre Deus-Machina



#64 serioscal

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Posté 15 novembre 2014 - 09:16

C'est vrai. La route des personnages principaux de la telenovela est évidente dès le premier épisode, à peu de choses près (mais c'est le peu qui est réellement tout, aurait dit René Char). La trame inébranlable de la télénovela, c'est l'amour interdit de deux êtres nés pour s'aimer. Et la conclusion quasi fatale de chacune des séries - c(est le mariage des deux protagnoistes principaux. Les titres des séries sont d'ailleurs peu équivoques : "le triomphe de l'amour", "la force du destin"... Rares sont les exceptions. Mais elles existent.

 

Le cas le plus étonnant est celui des "Deux visages d'Ana". La jeune fille voit toute sa famille périr à la suite d'un accident de voiture qui impliquent deux des trois frères d'une puissante famille, les Bustamente.Et parallèlement, sans savoir qu'ils sont liés, elle rencontre le troisième garçon de la famille, qui en rejette tout l'héritage d'ailleurs.

 

Le père Bustamente couvrira ses fils responsables de l'accident qui coûte l'usage de ses jambes au frère d'Ana. Mais Ignacio, l'aîné des deux enfants responsables de l'accident, ne s'arrête pas là. Il incendie la maison d'Ana, tuant sa mère et sa meilleure amie. Ana part aux Etats-Unis et, quand elle revient, retrouve Gustavo. Elle doit alors choisir entre son amour et la vengeance qu'elle a résolu d'accomplir.

 

Cette télénovela - très réussie, il faut le dire - a une particularité. Il y a deux fins alternatives. Dans la première, qui semble être la version "officielle", elle épouse Gustavo. Mais il existe une autre version où elle finit par en épouser un autre. L'existence de cette variante est un véritable tourment pour le spectateur régulier de télénovelas. Elle marque une faille dans le système général sériel de la télénovela. Dieu sait où conduira cette faille ! La fissure est d'autant plus critique que la fin alternative se joue sur une vingtaine de minutes, à la toute fin de la série. Et la fin alternative colle aussi bien à la narration que la fin officielle. C'est donc, on le comprendra, une expérience particulièrement traumatisante pour le spectateur. Demain, quand de nouvelles séries apparaîtront, qu'en sera-t-il de cet ordre immuable et si réconfortant qui veut à la suite d'une série d'épreuves souvent cauchemardesques, le bien triomphe du mal, l'amour de la haine et de la jalousie obsesssionnelle et destructrice ?

 

Le sysème est ébranlé. Mais il faut concéder que "Les deux visages d'Ana" reste un cas isolé. On pourrait encore évoquer le cas de la série dédiée à Pablo Escobar, "le patron du mal", qui est une télénovela historique dont le personnage principal est tout sauf une incarnation de l'amour pur mais cette série est si singulière qu'on peut la considérer comme étant, d'une ceratine façon, hors champ par rapport à ce qui nous préoccupe. En revanche, si "Les deux visages d'Ana" offre ce cas remarquable de scission, voire de schisme, ce n'est pas un accident. C'est l'aboutissement d'un long processus qui veut que, de série en série, les obstacles rencontrés par les couples mythiques des télénovelas sont toujours plus nombreux, toujours plus cruels et cauchemardesques, frôlant de plus en plus souvent l'irrémédiable.

 

C'est pourquoi le caractère d'évidence de l'issue quasi universelle de ces séries doit être pondéré. Certaines d'entre elles sont de véritables cauchemars. "Le triomphe de l'amour' est loin d'être la série la plus réussie. Elle présente le cas d'une jeune fille orpheline qui a été séparée très jeune de sa mère parce que le père était destiné à entrer dans les ordres. Lui ignore tout de l''existence de la jeune fille. Mais sa mère, Victoria, devient après de longues épreuves une femme respectée et influente du monde de la mode.

 

Et la grand-mère, l'horrible Bernarda, fait tout pour cacher la vérité à son fls. Elle ne se contente pas de manipuler et de tromper son monde : elle tue. Elle assassine sa servante et la fait disparaître morceau par moreceau dans la cheminée de sa maison. Son sadisme n'a pas de limite. Et des personnages de cet acabit, il y en a bien trois ou quatre. Au fil des épisodes, Maria Desemparada et l'homme qu'elle aime, Maximiliano, ne cessent de se réconcilier pour se séparer à nouveau, indéfiniment. Cette série est terriblement stressante et angoissante, presque insoutenable. "Abismo de pasion" est du même ordre : le mensonge, la manipulation, la méchanceté, le crime ne cessent de triompher d'épisode et épisode. C'est là que "Le triomphe de l'amour" apparaît moins convaincant, cependant : la fin paraît baclée, l'issue heureuse précipitée. Les révélations heureuses se précipitent avec trop de bonheur, alors que toute la série reposait sur la fameuse "loi de Goldwin". Néanmoins, cette série nous permet de comprendre pourquoi, malgré l'évidence apparente du happy end dans la télénovela, le suspense est toujours renouvelé. La télénovela est un jeu de hasard.



#65 AURE

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Posté 15 novembre 2014 - 10:59

A quand le mémoire ?    ;-)



#66 serioscal

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Posté 16 novembre 2014 - 12:45

C'est vrai. La route des personnages principaux de la telenovela est évidente dès le premier épisode, à peu de choses près (mais c'est le peu qui est réellement tout, aurait dit René Char). La trame inébranlable de la télénovela, c'est l'amour interdit de deux êtres nés pour s'aimer. Et la conclusion quasi fatale de chacune des séries - c(est le mariage des deux protagnoistes principaux. Les titres des séries sont d'ailleurs peu équivoques : "le triomphe de l'amour", "la force du destin"... Rares sont les exceptions. Mais elles existent.
 
Le cas le plus étonnant est celui des "Deux visages d'Ana". La jeune fille voit toute sa famille périr à la suite d'un accident de voiture qui impliquent deux des trois frères d'une puissante famille, les Bustamente.Et parallèlement, sans savoir qu'ils sont liés, elle rencontre le troisième garçon de la famille, qui en rejette tout l'héritage d'ailleurs.
 
Le père Bustamente couvrira ses fils responsables de l'accident qui coûte l'usage de ses jambes au frère d'Ana. Mais Ignacio, l'aîné des deux enfants responsables de l'accident, ne s'arrête pas là. Il incendie la maison d'Ana, tuant sa mère et sa meilleure amie. Ana part aux Etats-Unis et, quand elle revient, retrouve Gustavo. Elle doit alors choisir entre son amour et la vengeance qu'elle a résolu d'accomplir.
 
Cette télénovela - très réussie, il faut le dire - a une particularité. Il y a deux fins alternatives. Dans la première, qui semble être la version "officielle", elle épouse Gustavo. Mais il existe une autre version où elle finit par en épouser un autre. L'existence de cette variante est un véritable tourment pour le spectateur régulier de télénovelas. Elle marque une faille dans le système général sériel de la télénovela. Dieu sait où conduira cette faille ! La fissure est d'autant plus critique que la fin alternative se joue sur une vingtaine de minutes, à la toute fin de la série. Et la fin alternative colle aussi bien à la narration que la fin officielle. C'est donc, on le comprendra, une expérience particulièrement traumatisante pour le spectateur. Demain, quand de nouvelles séries apparaîtront, qu'en sera-t-il de cet ordre immuable et si réconfortant qui veut à la suite d'une série d'épreuves souvent cauchemardesques, le bien triomphe du mal, l'amour de la haine et de la jalousie obsesssionnelle et destructrice ?
 
Le sysème est ébranlé. Mais il faut concéder que "Les deux visages d'Ana" reste un cas isolé. On pourrait encore évoquer le cas de la série dédiée à Pablo Escobar, "le patron du mal", qui est une télénovela historique dont le personnage principal est tout sauf une incarnation de l'amour pur mais cette série est si singulière qu'on peut la considérer comme étant, d'une ceratine façon, hors champ par rapport à ce qui nous préoccupe. En revanche, si "Les deux visages d'Ana" offre ce cas remarquable de scission, voire de schisme, ce n'est pas un accident. C'est l'aboutissement d'un long processus qui veut que, de série en série, les obstacles rencontrés par les couples mythiques des télénovelas sont toujours plus nombreux, toujours plus cruels et cauchemardesques, frôlant de plus en plus souvent l'irrémédiable.
 
C'est pourquoi le caractère d'évidence de l'issue quasi universelle de ces séries doit être pondéré. Certaines d'entre elles sont de véritables cauchemars. "Le triomphe de l'amour' est loin d'être la série la plus réussie. Elle présente le cas d'une jeune fille orpheline qui a été séparée très jeune de sa mère parce que le père était destiné à entrer dans les ordres. Lui ignore tout de l''existence de la jeune fille. Mais sa mère, Victoria, devient après de longues épreuves une femme respectée et influente du monde de la mode.
 
Et la grand-mère, l'horrible Bernarda, fait tout pour cacher la vérité à son fls. Elle ne se contente pas de manipuler et de tromper son monde : elle tue. Elle assassine sa servante et la fait disparaître morceau par moreceau dans la cheminée de sa maison. Son sadisme n'a pas de limite. Et des personnages de cet acabit, il y en a bien trois ou quatre. Au fil des épisodes, Maria Desemparada et l'homme qu'elle aime, Maximiliano, ne cessent de se réconcilier pour se séparer à nouveau, indéfiniment. Cette série est terriblement stressante et angoissante, presque insoutenable. "Abismo de pasion" est du même ordre : le mensonge, la manipulation, la méchanceté, le crime ne cessent de triompher d'épisode et épisode. C'est là que "Le triomphe de l'amour" apparaît moins convaincant, cependant : la fin paraît baclée, l'issue heureuse précipitée. Les révélations heureuses se précipitent avec trop de bonheur, alors que toute la série reposait sur la fameuse "loi de Goldwin". Néanmoins, cette série nous permet de comprendre pourquoi, malgré l'évidence apparente du happy end dans la télénovela, le suspense est toujours renouvelé. La télénovela est un jeu de hasard.

A quand le mémoire ?    ;-)

Ouh la !
Ce n'est plus de mon âge.

#67 serioscal

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Posté 16 novembre 2014 - 07:58

C'est vrai. La route des personnages principaux de la telenovela est évidente dès le premier épisode, à peu de choses près (mais c'est le peu qui est réellement tout, aurait dit René Char). La trame inébranlable de la télénovela, c'est l'amour interdit de deux êtres nés pour s'aimer. Et la conclusion quasi fatale de chacune des séries - c(est le mariage des deux protagnoistes principaux. Les titres des séries sont d'ailleurs peu équivoques : "le triomphe de l'amour", "la force du destin"... Rares sont les exceptions. Mais elles existent.
 
Le cas le plus étonnant est celui des "Deux visages d'Ana". La jeune fille voit toute sa famille périr à la suite d'un accident de voiture qui impliquent deux des trois frères d'une puissante famille, les Bustamente.Et parallèlement, sans savoir qu'ils sont liés, elle rencontre le troisième garçon de la famille, qui en rejette tout l'héritage d'ailleurs.
 
Le père Bustamente couvrira ses fils responsables de l'accident qui coûte l'usage de ses jambes au frère d'Ana. Mais Ignacio, l'aîné des deux enfants responsables de l'accident, ne s'arrête pas là. Il incendie la maison d'Ana, tuant sa mère et sa meilleure amie. Ana part aux Etats-Unis et, quand elle revient, retrouve Gustavo. Elle doit alors choisir entre son amour et la vengeance qu'elle a résolu d'accomplir.
 
Cette télénovela - très réussie, il faut le dire - a une particularité. Il y a deux fins alternatives. Dans la première, qui semble être la version "officielle", elle épouse Gustavo. Mais il existe une autre version où elle finit par en épouser un autre. L'existence de cette variante est un véritable tourment pour le spectateur régulier de télénovelas. Elle marque une faille dans le système général sériel de la télénovela. Dieu sait où conduira cette faille ! La fissure est d'autant plus critique que la fin alternative se joue sur une vingtaine de minutes, à la toute fin de la série. Et la fin alternative colle aussi bien à la narration que la fin officielle. C'est donc, on le comprendra, une expérience particulièrement traumatisante pour le spectateur. Demain, quand de nouvelles séries apparaîtront, qu'en sera-t-il de cet ordre immuable et si réconfortant qui veut à la suite d'une série d'épreuves souvent cauchemardesques, le bien triomphe du mal, l'amour de la haine et de la jalousie obsesssionnelle et destructrice ?
 
Le sysème est ébranlé. Mais il faut concéder que "Les deux visages d'Ana" reste un cas isolé. On pourrait encore évoquer le cas de la série dédiée à Pablo Escobar, "le patron du mal", qui est une télénovela historique dont le personnage principal est tout sauf une incarnation de l'amour pur mais cette série est si singulière qu'on peut la considérer comme étant, d'une ceratine façon, hors champ par rapport à ce qui nous préoccupe. En revanche, si "Les deux visages d'Ana" offre ce cas remarquable de scission, voire de schisme, ce n'est pas un accident. C'est l'aboutissement d'un long processus qui veut que, de série en série, les obstacles rencontrés par les couples mythiques des télénovelas sont toujours plus nombreux, toujours plus cruels et cauchemardesques, frôlant de plus en plus souvent l'irrémédiable.
 
C'est pourquoi le caractère d'évidence de l'issue quasi universelle de ces séries doit être pondéré. Certaines d'entre elles sont de véritables cauchemars. "Le triomphe de l'amour' est loin d'être la série la plus réussie. Elle présente le cas d'une jeune fille orpheline qui a été séparée très jeune de sa mère parce que le père était destiné à entrer dans les ordres. Lui ignore tout de l''existence de la jeune fille. Mais sa mère, Victoria, devient après de longues épreuves une femme respectée et influente du monde de la mode.
 
Et la grand-mère, l'horrible Bernarda, fait tout pour cacher la vérité à son fls. Elle ne se contente pas de manipuler et de tromper son monde : elle tue. Elle assassine sa servante et la fait disparaître morceau par moreceau dans la cheminée de sa maison. Son sadisme n'a pas de limite. Et des personnages de cet acabit, il y en a bien trois ou quatre. Au fil des épisodes, Maria Desemparada et l'homme qu'elle aime, Maximiliano, ne cessent de se réconcilier pour se séparer à nouveau, indéfiniment. Cette série est terriblement stressante et angoissante, presque insoutenable. "Abismo de pasion" est du même ordre : le mensonge, la manipulation, la méchanceté, le crime ne cessent de triompher d'épisode et épisode. C'est là que "Le triomphe de l'amour" apparaît moins convaincant, cependant : la fin paraît baclée, l'issue heureuse précipitée. Les révélations heureuses se précipitent avec trop de bonheur, alors que toute la série reposait sur la fameuse "loi de Goldwin". Néanmoins, cette série nous permet de comprendre pourquoi, malgré l'évidence apparente du happy end dans la télénovela, le suspense est toujours renouvelé. La télénovela est un jeu de hasard.

A quand le mémoire ?    ;-)

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Posté 16 novembre 2014 - 10:32

On ne peut manquer, quand on voit les personnages haineux des télénovelas, à penser à la trop célèbre notion de "pervers narcissique", désormais tellement galvaudée qu'elle en est devenue inutilisable. On se fache avec quelqu'un et hop ! C'est un pervers narcissique. On jusge quelqu'un égoïste ! Un autre pervers narcissique ! Un homme violent ? Etc.

 

Le livre d'Hirigoyen est bien plus précis que cela et il me semble que Freud avait de la structure narcissique une analyse voisine. Mais je crois que la terminologie d'Hirigoyen doit être quelque peu amendée. Je proposerai pour ma part la notion de "pervers sadique". Parce que les personnages que nous évoquons - et qui ne sont hélas pas spécifiques à la télénivela - se caractérisent avant tout par leur structure sadique.

 

Et vraiment, on aimerait que nos contemporains soient plus prudents avec cette notion. Un des bénéfices - non le moins étonnant - de la télénovela - est de montrer avec beaucoup de nuances le fonctionnement du bourreau - et le voisinage de sa psychologie avec d'autres fonctionnements relationnels où l'on peut déceler de la méchanceté, de la vanité, de la filouterie, voire de la manipulation, mais non ce cas extrême que nous continuerons d'analyser avec des exemples très concrets.



#69 serioscal

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Posté 22 novembre 2014 - 09:05

:D  Dimitri est hors sujet
Chaque proposition commence par "Non, mais..." 
De quoi "non, mais"? Tes citations de la Bible c'est rien ici, et tes comparaisons, ta jalousie envers des gens heureuses, ta solitude - cela te dévore
Tu peux mettre ton 'non, mais...' dans ... et ça me fait rire - tu écartes tous du sujet avec tes propres problèmes
NON, MAIS ALLô QUOI



#70 serioscal

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Posté 23 novembre 2014 - 09:51

Eau. Ciel
incliné. L'eau
tombe. Elle
coule
au sol. Au ciel
incliné. Au sol
incliné. Au
sang. C'est l'automne.
Arbres. Et elles
reviennent. C'est l'automne.
Le ciel est incliné.
La pluie frappe aux carreaux de la fenêtre.

#71 serioscal

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Posté 23 novembre 2014 - 10:05

Eau. Ciel
incliné. L'eau
tombe. Elle
coule
au sol. Au ciel
incliné. Au sol
incliné. Au
sang. C'est l'automne.
Arbres. Et elles
reviennent. C'est l'automne.
Le ciel est incliné.
La pluie frappe aux carreaux de la fenêtre.



#72 Deneb Mars

Deneb Mars

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Posté 23 novembre 2014 - 10:23

ой да спасибо за рекламу))) 

j'ai encore un fan, yahooo!!!



#73 Deneb Mars

Deneb Mars

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Posté 23 novembre 2014 - 10:42

 

Eau. Ciel
incliné. L'eau
tombe. Elle
coule
au sol. Au ciel
incliné. Au sol
incliné. Au
sang. C'est l'automne.
Arbres. Et elles
reviennent. C'est l'automne.
Le ciel est incliné.
La pluie frappe aux carreaux de la fenêtre.

 



#74 serioscal

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Posté 23 novembre 2014 - 10:43

n n n n n Le sang n
n coule rien le sang
n n n n n coule n n
n rien n n n n au sol
n n rien n non n n n
il n n n n n n n coule
au n n n n n sang il
n n n coule au n n n
n n sol n n n n n n n
n et n n n non n n n n
n n n n coule et n n n
coule n n n au sol n au
sang n n n n n n
au sang n n n n n n n
au n n n n n n

n sang
au
sang le
sang n


i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i le citron

tout
le citron

Tout le sang du citron dans l'assiette,
non.

#75 serioscal

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Posté 23 novembre 2014 - 11:24

n n n n n Le sang n
n coule rien le sang
n n n n n coule n n
n rien n n n n au sol
n n rien n non n n n
il n n n n n n n coule
au n n n n n sang il
n n n coule au n n n
n n sol n n n n n n n
n et n n n non n n n n
n n n n coule et n n n
coule n n n au sol n au
sang n n n n n n
au sang n n n n n n n
au n n n n n n

n sang
au
sang le
sang n


i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i le citron

tout
le citron

Tout le sang du citron dans l'assiette,
non.


Eau. Ciel
incliné. L'eau
tombe. Elle
coule
au sol. Au ciel
incliné. Au sol
incliné. Au
sang. C'est l'automne.
Arbres. Et elles
reviennent. C'est l'automne.
Le ciel est incliné.
La pluie frappe aux carreaux de la fenêtre.


On ne peut manquer, quand on voit les personnages haineux des télénovelas, à penser à la trop célèbre notion de "pervers narcissique", désormais tellement galvaudée qu'elle en est devenue inutilisable. On se fache avec quelqu'un et hop ! C'est un pervers narcissique. On jusge quelqu'un égoïste ! Un autre pervers narcissique ! Un homme violent ? Etc.
 
Le livre d'Hirigoyen est bien plus précis que cela et il me semble que Freud avait de la structure narcissique une analyse voisine. Mais je crois que la terminologie d'Hirigoyen doit être quelque peu amendée. Je proposerai pour ma part la notion de "pervers sadique". Parce que les personnages que nous évoquons - et qui ne sont hélas pas spécifiques à la télénivela - se caractérisent avant tout par leur structure sadique.
 
Et vraiment, on aimerait que nos contemporains soient plus prudents avec cette notion. Un des bénéfices - non le moins étonnant - de la télénovela - est de montrer avec beaucoup de nuances le fonctionnement du bourreau - et le voisinage de sa psychologie avec d'autres fonctionnements relationnels où l'on peut déceler de la méchanceté, de la vanité, de la filouterie, voire de la manipulation, mais non ce cas extrême que nous continuerons d'analyser avec des exemples très concrets.



Je dirais pourtant que, s'il y a cri, c'est contre la catégorisation qui voudrait que "sous le ciel rougeoyant, les arbres devenaient des ombres" seraient une extase poétique tandis que "de l'eau coule du robinet" serait une simple affaire de plomberie.

Le robinet devenait un poème dans sa nudité fonctionnelle, même.

Les "chutes en automne" est une méditation sérielle. Il n'y a ici ni objectivisme" ni "parti pris des choses" mais une parole qui se délivre d'elle-même. Ou qui tente de le faire en tout cas.



#76 serioscal

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Posté 23 novembre 2014 - 12:31


n n n n n Le sang n
n coule rien le sang
n n n n n coule n n
n rien n n n n au sol
n n rien n non n n n
il n n n n n n n coule
au n n n n n sang il
n n n coule au n n n
n n sol n n n n n n n
n et n n n non n n n n
n n n n coule et n n n
coule n n n au sol n au
sang n n n n n n
au sang n n n n n n n
au n n n n n n

n sang
au
sang le
sang n


i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i le citron

tout
le citron

Tout le sang du citron dans l'assiette,
non.



Eau. Ciel
incliné. L'eau
tombe. Elle
coule
au sol. Au ciel
incliné. Au sol
incliné. Au
sang. C'est l'automne.
Arbres. Et elles
reviennent. C'est l'automne.
Le ciel est incliné.
La pluie frappe aux carreaux de la fenêtre.

On ne peut manquer, quand on voit les personnages haineux des télénovelas, à penser à la trop célèbre notion de "pervers narcissique", désormais tellement galvaudée qu'elle en est devenue inutilisable. On se fache avec quelqu'un et hop ! C'est un pervers narcissique. On jusge quelqu'un égoïste ! Un autre pervers narcissique ! Un homme violent ? Etc.
 
Le livre d'Hirigoyen est bien plus précis que cela et il me semble que Freud avait de la structure narcissique une analyse voisine. Mais je crois que la terminologie d'Hirigoyen doit être quelque peu amendée. Je proposerai pour ma part la notion de "pervers sadique". Parce que les personnages que nous évoquons - et qui ne sont hélas pas spécifiques à la télénivela - se caractérisent avant tout par leur structure sadique.
 
Et vraiment, on aimerait que nos contemporains soient plus prudents avec cette notion. Un des bénéfices - non le moins étonnant - de la télénovela - est de montrer avec beaucoup de nuances le fonctionnement du bourreau - et le voisinage de sa psychologie avec d'autres fonctionnements relationnels où l'on peut déceler de la méchanceté, de la vanité, de la filouterie, voire de la manipulation, mais non ce cas extrême que nous continuerons d'analyser avec des exemples très concrets.


Je dirais pourtant que, s'il y a cri, c'est contre la catégorisation qui voudrait que "sous le ciel rougeoyant, les arbres devenaient des ombres" seraient une extase poétique tandis que "de l'eau coule du robinet" serait une simple affaire de plomberie.

Le robinet devenait un poème dans sa nudité fonctionnelle, même.

Les "chutes en automne" est une méditation sérielle. Il n'y a ici ni objectivisme" ni "parti pris des choses" mais une parole qui se délivre d'elle-même. Ou qui tente de le faire en tout cas.


n n n n n n n n n n n n
n n n n n n n n n n n n
n n n n n rien n n n n n
n non n n n n n n n n
r r r n n n n n n n n et
n n n n n n n n n n n n
n rien n n n n n n n n n
 
i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i
dans la prairie
 
n n rien n n n n n n n n
n n n n n n n non n n n
n n n n n n n n n n ou
n n n n n n n n n n n n
n n n n n n n n et r r r r
ou n n n n n n n n n et
rien rien rien rien rien r
 
à travers la plaine
i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i comment ? i i i i i i i i i i
non
 
puis : n n n n n n n (ad lib)
 
n e n n n n n n n n n n
n n i i i i i i i i i n n n n n
rien n n n n n n n n n
n n n n n n n n n non n n
n n n n n n r r r n n n n n
n n n et n n n n n n n n
n n n n le sang ? n n n n
 
pas encore, non : rien
n'a coulé
 
il pleut -------------------------------------------------------------------------------


Métaphysique sans physique n'est que ruine psychique.



n n n n n n n n n n n n
n n n n n n n n n n n n
n n n n n rien n n n n n
n non n n n n n n n n
r r r n n n n n n n n et
n n n n n n n n n n n n
n rien n n n n n n n n n
 
i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i
dans la prairie
 
n n rien n n n n n n n n
n n n n n n n non n n n
n n n n n n n n n n ou
n n n n n n n n n n n n
n n n n n n n n et r r r r
ou n n n n n n n n n et
rien rien rien rien rien r
 
à travers la plaine
i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i i comment ? i i i i i i i i i i
non
 
puis : n n n n n n n (ad lib)
 
n e n n n n n n n n n n
n n i i i i i i i i i n n n n n
rien n n n n n n n n n
n n n n n n n n n non n n
n n n n n n r r r n n n n n
n n n et n n n n n n n n
n n n n le sang ? n n n n
 
pas encore, non : rien
n'a coulé
 
il pleut -------------------------------------------------------------------------------
 
Le vivarium du poème.
Biotope.
 
Biotope de l'automne
qui rétrécit le jour
et le ponctue d'orages
qui amplifient la nuit
 
Plutôt qu'une autopsie. L'automne
voit naître tant de faits divers.
Une page de journal se détache
et va se loger sous la table de nuit.
 
[oeil abat-jour]

Cest, semble-t-il, après la zoologie, le domaine sportif, qui a fait de la série des emplois spécialisés, liés là encore à la classification :  petit groupe formant une subdivision dun classement  (1859). Ainsi, dans le football, ce quon appelle aujourdhui division sappelait autrefois série. A la même époque, le terme apparaît dans le vocabulaire du billard, pour désigner une  suite de points réussis daffilée . Cette fois, lidée denchaînement prime. De même, dans les années 1920, la série est employée en boxe pour désigner une  suite rapide de coups , et en gymnastique pour l enchaînement de mouvements . Ce survol extrêmement superficiel du domaine sportif offre un nouvel aperçu de lambiguité de la série, entre classification et succession.
 
Le mot apparaît dans le vocabulaire commercial vers 18931 dans les expressions série de prix, prix de série. Cest à la même époque que nait lexpression  série noire  pour désigner une  suite dévénements pénibles ou de catastrophes . Le GRH estime que lexpression  vient de ce que ces événements isolés semblent obéir à une sorte de logique interne . Lexpression  en série , du type fabrication en série, est attestée en 1903, et désigne un  grand nombre dobjets identiques . Si, au XIXe siècle, sébauche lassimilation de série et du même, ce nest quà partir de ce moment que ce trait de signification se cristallise ; il nest pas improbable que cette locution soit à la base dune nouvelle signification de série, suite dobjets ou dévénements identiques. On notera quen électricité, le montage en série, qui soppose au montage en parallèles, date de 1881.
 
A lidée de succession, denchaînement, sest combinée celle déléments analogues, de même nature, puis déléments identiques. Au XXe siècle, sest confirmée la tendance par laquelle, de plus en plus, le sériel se trouvait identfié à la production du même, de lidentique. Il resterait à voir comment, de la notion de production en série (qui semble le plus ancien témoignage de lassimilation du terme série et de lidée de même) on est passé aux séries tékévisées2. Incontestablement, dans le vocabulaire courant, ces deux acceptions sont celles qui dominent actuellement. Passée du domaine éditorial au domaine audiovisuel, la série est devenue lune des formes privilégiées des médias actuels, au point que sur le modèle de film-culte, est née lexpression  série-culte  :  Derrière la série culte de TF1, AB production , lisait-on voici quelques années au chapeau dun article journalistique voué à la détestation du  sit-com  Hélène et les garçons.
 
Dans le domaine de la presse, une enquête plus rigoureuse que ce travail ne le permet serait à effectuer, mais il semble que la notion de série se soit, là encore, déplacée. La série désignait au XIXe siècle plutôt le tirage dun livre3, ou encore la collection4, éventuellement (ce quon trouve chez Léon Bloy) les parties dun ouvrages composé dune succession de courtes pièces. La série, aujourdhui, est une sorte de feuilleton. Série est ainsi le terme générique employé pour lédition française des comics américains5. Voici par exemple ce quécrivait un lecteur de la revue Titans, dans les années quatre-vingt, pour aider léditeur à résorber les retards pris dans la publication de lune des deux séries impliquant lAraignée :
 
Première solution, supprimer pendant le temps nécessaire (1 an et demi je crois) la série Peter Parker et la remplacer par les Envahisseurs ou une série interrompue ou même par une série ne contenant que 18 épisodes.6
 
La série est apparemment une réalité très forte, dans tout ce  courrier  de Titans. Ainsi, disent les éditeurs, nous recevons des avalanches de lettres qui nous disent : Cette série est mauvaise, ôtez-la . La série plait, est bien ou mal dessinée, est interrompue, etc. Resterait à voir, dans ce type de publications, où le courrier des lecteurs peut jouer un rôle considérable (puisquil dit au lecteur ce quil est, et dans un même mouvement, ce quil lit), la part de la répétition. On mettrait ainsi à lépreuve certaines des thèses dUmberto Eco. Même pour ces publications, dont la valeur est secondaire7, et même est dêtre secondaire, il serait plus exact de parler de renouvellement que de répétition. Car lépisode nest pas la répétition de lépisode précédent, mais seulement comporte un élément de répétition.
 
Pourtant la production en série, les séries télévisées et radiophoniques, lexpression hors-série dans le domaine des revues périodiques, vont dans un même sens, et tendent à faire de série un signifiant de la répétition et de lautomatisme. Le phénomène dailleurs est loin dêtre spécifiquement français. En témoigne la récente locution tueur en série, simple traduction de langlais serial killer. La série est un témoin idéologique.
 

1 La datation reprend celles du GLLF et du TLF. On se gardera de leur conférer une valeur autre quapproximative.

2 Il nest pas impossible que la chose vienne du domaine éditorial, qui depuis le XIXe siècle a fait un abondant usage de série, tant pour déisgner les tirages que les sections dun ouvrage.

3 Je prends au hasard une édition des Choses vues Victor Hugo, Jules Boiff et cie, 5 volumes, n284 à 288, tous estampillés  Nouvelle série .

4 Ce que certaines publications scientifiques, telles que le Bulletin de lAcadémie des sciences, pratiquent encore.

5 Je prends ci-après un exemple de Titans. Il y aurait là encore à opérer un relevé chronologique des apparitions du terme dans lhisroire de ka collection Lug.

6 Patrice Payssot, in Titans,  Le courrier des fans de Titans , n61, 1984, p. 73.

7 Secondaire ? Oui, si lon excepte quelques dessinateurs les plus singuliers, tels Jack Kirby, John Buscema, Franck Miller, Bill Sienkiewicks... Umberto Eco pose la série, production de masse, contre lart  moderniste . La valeur dune oeuvre nest pas fonction de la catégorie doù elle ressort. Les oeuvres de Sienkiewiks et de Miller sont de parfaits exemples de ce quest lindividuation. La déliquescence des formes dans le dessin de Bill Sienkiewicks est dautant plus forte quelle va à lencontre des impératifs industriels et commerciaux. Ainsi, lorsquil reprend, dans les années quatre-vingt, une série jusque là dun intérêt nul -- nul et non avenu -- la série au bout de quelques épisodes est censurée... en France, par léditeur français, Lug, par crainte de perdre le statut de  publication pour la jeunesse .

Formes, figures d'arc
reliées à des
chutes en automne. Une
photographie explose
à cause de l'oeil. Voyons
ce qu'il y avait
dans ces figures avant qu'elles n'explosent.
Si c'était un paysage.
Si l'on voyait des gens dans un espace donné.
Si quelque chose survenait alors que d'autres éléments restent stables
quand quelqu'un passe dans la
densité il corrompt sa temporalité.

 
Cr-
aque r-
a-
masse
a-
vec
pl-
aque. Puis tra-
ce
ça
av-
ec. S-
ang &
sa-
n-
g
.
Il y a une ligne en-dessous.
U-
ne l-
i-
gne
qui ne se répète jamais.
Claque.

Ainsi cinq faisceaux dorés font fondre brusquement l'obscurité de la scène et le voici qui s'avance dans la lumière avec une espèce d'allégresse animale.
Capeline noire sur smoking noir, il s'arrête soudain, retire de sa tête altière son élégant huit-reflets, puis entame une série de magiques passes à l'aide de sa canne à pommeau.
- Hon! glousse sourdement lady Broutille Beltham, c'est d'un convenu! Il va sans doute maintenant nous tirer de son chapeau deux misérables colombes!
- Ou un lapin blanc neurasthénique! Hin! Hin! ricane son voisin Marc-Antoine Pompée.
- Hin! Hin! uh! confirme la lady.
- OOOOOH! fait alors le reste de la salle tandis que l'artiste prestidigite allègrement et tire avec ostentation de son couvre-chef un somptueux jambon-beurre, puis un autre, et un autre, et un autre encore, les lançant tous, au fur et à mesure, dans le public.
En délire, le public. En délire, cela va sans dire.
- Ah! oui! Quand-même! fait M.A.P., soudainement impressionné.
Et tandis que le huit-reflets se change en corne d'abondance,et qu'une manne jambonno-beurresque se déverse à présent dans la salle, Lady Broutille Beltham se crispe considérablement:
- En plus, ils sont cornichonnés! Oh! Shoking! Je crois bien qu'il va nous falloir copuler frénétiquement, my dear!

Les débris du bateau-mouche flottaient amèrement sur le gros fleuve touristique.
L'homme pressé d'embarquer regardait partout autour de lui, paniqué.
- Et à quelle heure est le prochain bateau-mouche ? Je vais mourir si je n'embarque pas dans l'heure !
Une jeune femme apparemment liée aux transports fluviaux s'est approchée de lui pour lui expliquer, pleine de compassion :
- Celui qui devait partir a malencontreusement explosé. Et le prochain a été réservé par une famille de baleines. Vous allez mourir de faim ?

Un petit poisson nage et un très vieil homme le regarde.
_Voyez dit-il à son compère je viens là tous les jours et ce poisson me parle, nous parlons politique aussi bien que fritures.
_Je ne vous crois pas répond le compère ou bien c'est qu'il lit les toiles de joutes et les Rodin de Valences
Les deux hommes attendent au bord du rivage l'arrivée imminente du poisson
_Il faut une eau propre pour que le poisson qui parle parle
_Même la Carpe
_Assurément, la Slave
_Je ne vous crois définitivement pas car nous sommes encore un peu en avance et le poisson qui parle n'est toujours pas là
Devant l'évidence d'un tel argument, les deux hommes se relèvent difficilement, font tous les effort possibles pour remettre leur très incommodes chapeaux, s'appuient un moment sur ce qui auraient bien put être une roche grise et tout autant la forme bien connue  du "S" de l'enseigne MacDonald.
 
Puis comme vaincus, abandonnant dés lors toutes tentatives d'illusions saugrenues balancent quelques bulles et rejoignent enfin la mer.

- Comprenez-moi bien, déclare l'éditeur, votre texte n'est pas inintéressant, mais il faudrait revoir complètement sa ponctuation. Celle-ci est tout à fait fantaisiste...On dirait même que la notion de ponctuation vous est parfaitement étrangère...
- Oh! pas du tout! Monsieur l'éditeur, s'empresse de répondre l'auteur du manuscrit.S'il ne s'agit que de cela, soyez sans crainte aucune, je vais m'en occuper avec le plus grand sérieux, j'y mets même une virgule d'honneur!

L'immeuble était en feu.
Les pompiers arrosaient tout aux alentours. Mais ils évitaient soigneusement les flammes.
Pourtant, il y avait encore des gens à l'intérieur.
Un badaud s'est arrêté devant l'étrange spectacle et a interpellé un des soldats du feu qui arrosait ses pieds.
- C'est qu'ils ont prévu de la pluie dans la soirée, a sobrement expliqué l'homme, on ne va pas salir notre eau toute propre, non ?

La terre se referme.

Après le séisme, peu ont survécu. John est de ceux-là.

John marche dans les ruines de la ville et rencontre Betty.
- Il n'y a pas de sandwicherie par ici, lui dit la femme dépitée.
- Cherchons une pizzeria en ce cas, répond l'homme en indiquant une fissure.

Un agriculteur laboure son champ à l'aide de son vieux tracteur. Ses voisins se moquent de lui :
- Avec ce vieux tracteur, tu ne vas rien labourer du tout ! Tu peux attendre le déluge. Ah, ah !
L'agriculteur reste très calme mais il abat tout de même plusieurs de ses voisins.
- Et puis donc !, finit-il par convenir, on ne va pas attendre le déluge, non plus ?

Un autre matin, le type pas très fort en rasage, d'un geste dont on conviendra qu'il est particulièrement maladroit, se coupe le bout du nez.
Et de couiner. Et de couiner. Et de couiner.
Alertée, sa campagne compatit:
 
- Mon pauvre ami, tu n"étais déjà pas très fute-fute, désormais tu ne verras même plus aussi loin que le bout de ton nez...