Combien faut-il de mots pour conter une vie ?
Aurait-on seulement assez du dictionnaire,
Ou faut-il inventer et créer à l’envi,
Dans la forge des sons, des noms imaginaires,
Des verbes flamboyants pour dire les romances,
Des pronoms infinis qui sonneraient l’écho
Du tourbillon des peurs, des joies, de l’espérance,
Et qui feraient tomber les murs grammaticaux ?
Faut-il abandonner les règles édictées ?
Pourquoi donc s’enfermer dans ces lois ridicules
Qui freinent notre ardeur et notre liberté ?
Face à l’amour qu’on crie, qu’est-ce qu’une virgule ?
***
Il faut bien peu de mots, pourvu qu’on les choisisse
Avec habileté et dans le soin constant
Du respect harmonieux du subtil édifice
De la langue sculptée par les plumes d’antan.
Il n’est de liberté que face à la contrainte.
Si la règle est ardue, plus nous la connaissons,
Plus nous saurons œuvrer pour que sa rude étreinte
Débloque dans nos cœurs la musique des sons.
Car, ne t’y trompes pas, pour conter une vie,
Il faut juste en saisir la mélodie profonde
(Elle entraîne le cœur, à son rythme asservi),
Puis en restituer l’harmonie vagabonde.
Si tu l’as bien compris, alors en quelques lignes
Couchées sur le papier, tu nous inviteras
Aux délices du vin fait des plus belles vignes
Et l’ivresse de tes mots nous enchantera.