Ma soirée avec Iland

Ma Cadillac rose écumait le sable de la route 66, j'écoutais Bobby Vinton. Une main sur le volant, l'autre sur une clope à la fenêtre, entre index et majeur, je rêvais du rêve américain et d'Hollywood, j'avais alors quelques projets, un scénario, pour le prochain film de John Ford. J'arrête le carrosse, volé à un marchand d'armes juif de Miami, alors que j'étais en plein trip Kerouac, sur un parking fatigué des trajets sans fins de camions imposants comme des pachydermes, crevés comme des chameaux crevant de soif sur la route de la soie, le genre de chameaux la langue pendante espérant un sursis salutaire à Samarkand, un petit abreuvoir, un petit oasis, rien que pour respirer. Je claque la portière bonbon d'un air assuré sur ce parking triste, un air de cow boy, mes santiags texanes font tout le trajet alors que je ne pense même plus, tout fort d'avoir fumé un gros stick de shit péruvien, j'ai les yeux bleus comme Clint Eastwood, mais carrément rouges, gonflés par la weed. J'entre dans le dinner, je m’assois à une table, je fais un geste à la serveuse. Alors qu'elle penchait son décolleté rose, avec un grain de beauté sur le sein qui penchait à droite, un petit grain plein de promesses. Je capte direct que la serveuse est Iland, que j'ai côtoyé sur TLP. Je lui demande un burger, des œufs aux plat, des frites agrémenté d'un milk-shake au fraise en lui lâchant un sourire bright, un sourire rebelle, à la James Dean. Elle me sourit à son tour, d'un sourire plein de délicatesse mêlé de tristesse, pauvre fille d'un fermier du Colorado, complètement égarée pour l'amour d'un travailleur agricole rêvant d'un grand destin dans la grande ville dans la Grande Pomme, cette pauvre Iland a son gosse qu'elle traîne avec amour de villes en villes, elle a enfanté pendant neuf mois l'amour de sa vie à qui elle promet un avenir de sénateur. Je souris à mon tour alors qu'elle balance lentement et avec grâce son déhanché sublime vers la cuisine. Le cuisinier, chicano, avec un sourire atroce plein de dents pourris, le type, un connard, vendeur de crack et de meth, habitant une caravane, profitait d'elle ça en crevait les yeux. Mais c'est moi qu'elle préférait, c'est moi qu'elle avait choisit, le pire c'est que j'avais les dollars, récupérés dans un braquage d'une banque morbide du Far West. Alors qu'elle m'apporte mon repas, le burger, les œufs au plat, les frites, et le fameux milk-shake, le chicano avait craché dedans un gros mollard, elle me donne de ces yeux, de ces yeux de biche égarée qui a envie de fuir. Je comprends le malaise. Elle faisait la pute pour lui dans tous les motels des alentours, quarante dollars la passe, c'est le chicano qui récoltait la thune, et si elle n'amassait pas assez, lui foutait des coups de cintre, comme le pire des pimps. Je lui retiens la main alors qu'elle part vers un autre client. Elle comprend le truc, me lâche son numéro de téléphone, gratté à la va vite sur un petit morceau de papier froissé. Alors je me lève et je commande une bière. Je comprends à son regard qu'il faut la jouer subtile.Je me casse, je rentre dans la Cadillac rose bonbon. Je m'arrête à la ville qui vient, je prends une place dans le motel qui vient, ainsi qu'une bonne bouteille de whisky. J'attends. Il est maintenant une heure du matin, cela fait plusieurs heures que j'écoute la country de la région. J'appelle. Iland se ramène dans l'heure qui suit. Elle porte un jean qui lui vient à la ceinture ainsi qu'un top juste au dessus du nombril. Elle me parle de son fils tout en m'embrassant. Je lui dit que je vais régler ça. Dans l'heure je suis devant la caravane du chicano, mon colt à la ceinture. Je lui fait comprendre que c'est fini d'une balle dans la tête. Depuis, Iland et moi, c'est en mode Bonnie and Clyde, le gosse je lui ai même acheté un siège bébé et appris à jouer du flingue. Voilà l'histoire.

#1 DanielFléau

#2 DanielFléau

#3 denis_h

#4 denis_h

#5 DanielFléau

#6 denis_h