Je rêve de lover mon reste d’innocence
Sur ta courbe élancée où se pose la nuit,
Caresse d’un regard où la raison s’enfuit
Sur l’aile du désir, au vent d’incandescence,
Ébaucher sur ta nuque un souffle d’insolence
Déposé comme un châle, un charme au goût de fruit.
M’enivrer de ta bouche où Vénus me conduit
Par un chemin pavé d’amour et d’indolence.
Je rêve que ton bras retrace le dessin,
L’arabesque légère où me tient son emprise
Quand son vol éthéré libère ta chemise :
L’obscurité rougit de frôler ton bassin.
Et le vent s’aventure à son rythme assassin,
Libère l’interdit, le sent, l’allégorise,
Epris de sa folie et de l’ire insoumise
Accueillant nos deux corps d’un envieux coussin.
Je rêve que mes doigts effleurent ton visage,
Glissent dans tes cheveux aux limbes ondulés,
Frémissent de désirs aux chants dissimulés :
Délicatesse illuminant ce paysage.
Ma paume descendant en suivant le sillage,
Le rebond de ta joue aux teints immaculés,
Découvre les ardeurs de feux informulés
Embrasant tout mon corps au fil de ce voyage.
Je rêve d’esquisser les contours de mes lèvres
Sur ton cou déployé par les flammes d’Éros
Étonnant le Soleil tel un vol d’albatros
Pour saisir cet instant dont la fleur est la fièvre.
La main imaginant la douceur d’un orfèvre
Coule sur ton épaule aux voutes d’Ouranos,
Ardente comme fut la promesse d’Éos
Quand fleurissait la fougue au parfum de genièvre.
Je ne vous dirais point ce que ce rêve encore
Attise comme ardeur au vent de l’interdit
Car il est de ces mots dont le cœur étourdit
N’oserait dévoiler où mon âme picore.