En attendant l'aurore...
Au sommeil inutile
je refuse sa place.
C'est mon corps qu'on fusille,
c'est mon cœur qui se glace.
Bien que lourdes et pesantes
mes paupières seront
à la nuit résistante.
Ouvertes, elles resteront.
Pourtant sans crier gare,
insidieuse et rampante,
la fatigue accapare
la raison vigilante.
Fatigués mais vaillants,
à l'aurore attentifs,
mes yeux obéissants
à mes vœux sont rétifs.
Dans la rue au dehors
un passant qui traverse.
Le silence de mort
se tait et puis converse
pour un petit moment,
rien d'autre qu'un instant...
Et la nuit avançant
retrouve le pesant
d'un silence électrique,
d'un vide anachronique,
d'une fin pathétique,
d'un sommeil si tragique.
Bertrand GILLE