NUISANCES bis
(23/02/06)
Quand en finirons-nous de toutes ces nuisances
Qui frappent le milieu de dégénérescence ?
Je veux parler du bruit dont on oublie qu'il est
Le problème auquel on n'ose pas s'attaquer.
Qu'on parle de poubelle et de tous ces déchets
Le peuple est bien d'accord : voilà qui est assez !
Mais qui se lèvera au sein de l'Assemblée
Pour dénoncer enfin cette manne sacrée ?
Tout de même curieux que ce qui touche au nez
Puisse effectivement être aisément bravé,
Mais pourquoi aussitôt, dès qu'il s'agit d'ouïe,
Se claquemurer en quelque palinodie ?
En vertu de quel droit privilégier le nez
Alors qu'on en a deux, quand il s'agit d'oreilles,
Qu'on pâtit donc deux fois surtout quand on sommeille ?
Contre nuisibles bruits peut-on prendre décret ?
Alors je brandirai haut et fort le flambeau
D'un homme tranquille et cherchant à le rester
Voulant déclarer de son pronunciamiento
Que le bruit peut tuer autant que les déchets.
Assez de grondements, têtus, assourdissants
Venus de ces engins qu'on ne sait maîtriser !
Plus de martèlements qui blessent les tympans
De ce mal pernicieux si mal cicatrisé !
Que cacher donc de ces si crispants grincements
D'une scie affolée découpant sans répit ?
Des rugissements de tondeuses en furie
Furetant en tous coins l'espace gazonné,
Ratiboisant, hurlant, hoquetant et râlant ?
De ces vrombissements de motos démarrant
En de furieux et lancinants vroum-vroum, vroum-vroum
– A nos trop fameux et tristes boum-boum, boum-boum
Peut-être ont-ils, jaloux, beaucoup à envier – ?
Et quand, hors de tout reste, viennent à hurler
Les sirènes aiguës qui, loin d'être océanes,
Rappelleraient bien mieux le gras braiement de l'âne
Long cri strident rompant un sommeil malaisé ?
De la culture dont, m'étais-je dit prudent,
Qu'on n'y toucherait pas : c'était en d'autres temps…
J'espérais chaque soir ne plus trembler de peur…
Mais Toi ! Ô Toata !... Sois sage, ô ma douleur !
Et tiens toi plus tranquille ! Il te fallait la nuit
La voici, avançant en cortège de bruits.
Toi, Toata ! Objet de mon ressentiment
Combien de décibels en un soir déversés,
Encaissés sans combat, tout en renoncement
Au hit-parad du bruit faudra-t-il te hisser ?
Cacophonie aidant, voici nos invités,
Croyez bien que je ne saurais les oublier :
Ils sont là , attendant et pour participer
Au concert de toutes les vociférations.
Tapis dans la coulisse, enfin c'est l'explosion.
A la gent animale on dédiera la palme
Sachant qu'on ne pourra retrouver tout le calme
Que dès lors, s'il en est, que les propriétaires
Prendront soin d'obéir au dit réglementaire.
De vaches, je confesse, il n'est rien de notoire.
Sommes-nous nonobstant, des ruses de l'histoire,
Comme dit quelque part le philosophe Hegel,
A l'abri d'un soudain grand envahissement ?
Que dirais-je alors des sacrés mugissements ?...
Ne légiférons pas sur la cuisse ou sur l'aile ;
Mais il faut se soucier de tous ces volatiles
Qui plus que de la poule ont la vision subtile.
On ne peut certes rien contre les raids des merles
Dont les piaulements m'assurent qu'ils sont là :
En prenant leur envol, les voilà qui déferlent
Sombres et inquiétants en vagues de stukas.
Au premier chef, en premier lieu, c'est un conseil
Que ne demande-t-on à tous nos cordonniers
De vendre à prix réduit ce genre d'appareil
Qu'on fixerait à la gueule de ces roquets ?
C'est le nom féminin, si j'en crois ma mémoire,
De celui d'un ministre, au fond très peu notoire…
Ainsi, foin de tous ces clébards les jappements
Étouffés en leur gorge et puis les étouffant.
Des poules parlerais-je du caquètement
Stupide et agaçant dont elles sont si fières
Haussant leur cou gonflé en une course altière
Pour fondre égosillées sur leurs œufs, suffoquant ?
Quant à leur concubin, je sais fort bien en quoi
Il est cu (ben !), le reste, il n'en a pas le choix.
Devrais-je oublier ces miaulements de chats
Énamourés, tremblants, dressés haut sur leurs pattes
Appeler, heures entières, les jolies chattes
Aux ébats sans débat et aux bas branle-bas.
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A quelle autorité faut-il en appeler
Pour être préservé de telles agressions ?
Doit-on faire sa loi, prendre le pistolet
Ou bien se servir de l'épée, du goupillon ?
Et dans ce vacarme si les accords majeurs
Pouvaient se minorer en quelque ton mineur
On gagnerait peut-être à instaurer encor
Par une éducation les bienfaits du silence
Dans les cours de récré, sans un cri, sans un cor,
Plus de respect pour soi et pour notre créance.