Nous sommes
Les voyageurs éthyliques
Route du rhum
Baroud statique
Notre bateau ivre
Se démate
Ainsi dérive
Sans plus de hate
Le navire
Transpire
Ses automates imprévisibles
Nous quittions terre en demi murge
Et notre égo gonflait les voiles
Nous partions fiers, parfaits démiurges
Et nous irons, frère, par delà l'aube pale
Déjà tanguant
Bien accoudés
Pourtant
Nous essuyons notre première bourrasque
Mon homme matelot trop aviné
Commis bientôt sa première frasque
Provoquant le courroux d'une quelconque déesse
L'onde ou nous voguions lui appartenant
Nous l'attendrime de pieuses politesses
Elle s'apaisa
Notre condition humaine lui suffisant
Hardi jeunesse, ouvre tes prunelles
Le chemin est laborieux et long
Et si se tarit la réserve de houblon
Nous butinerons l'hydromel
Eprouvante traversée
Nous faisons halte
Des lors, l'infame Charybde
Nous aspire
Dans une violente succion
Que nous inspire
Les enivrantes fleurs du malt
Beuglant des chants triviaux
Presque aphones
Nous voyons s'enfuir les sirènes
Qu'a cela ne tienne
Nos seules haleines
Suffisent à décourager les amazones
Plus une ride sur l'eau
On sent fleurir nos larmes
Apatrides d'amour
La bise violonne
Voila notre plus grand ennemi
Car il est de ceux que l'on aime
Ce mal langoureux
Ce mal de merde
Il s'immisce dans les particules de l'herre
Que l'on sème
Il se fortifie
Nous éperonne
Nous harponne
Se servant de nos propres armes
Que n'ai-je jamais
A déposer
Ce précieux fardeau
Mais pas de reddition
En ce faste jour
Il nous faut poursuivre
Nous resterons dans l'oubli
Nos ames malades
Et nos coeurs lourds
Ne guerrirons
Qu'a l'orée de la folie
Ô alcool
Nous n'entretenons pas
Un respect mutuel
Je te loue et te love maternellement
Dans un couffin de verre
Je m'étend
Sous ta bienveillante tutelle
Et toi, Fourbe, Lache, Faux-frère
Au bout de ma confession
Tu me flanques à terre
Je n'ai plus mal
J'abdique
Les rales
Quittent le nain ivre