Je n'ai pas la patience
de mon frère le vent
qui sculpte sans trêve
les rochers de ses dents
Je suis la vague féminine
qui mouille d'écume
tes jambes de granit
avec la furie obstinée
du ressac des jours
et des nuits étoilées
Aux arches que font tes falaises
Aux sillons que fait le temps
mes embruns marinent des nervures
d'opale et d'émeraude
qui effacent le rubis des larmes
qui agonisent l'envie
Et le son incessant
que fait mon âme
à venir mourir
chaque instant
avec la même force
à briser lécorce
de ton ventre écartelé
de mes colères rythmées
Chante l'espoir
des désespérés
Je suis l'eau
et la soif
par le sel
ravivé
Je suis le psaume
la prière
le silence de Dieu
aux regards suppliants
le vide des cieux
aux mains implorantes
Je suis l'aube des promesses
le crépuscule des bannis
le feu de la tendresse
l'huile des insoumis
le cri d'un souffle retenu
le souffle d'un cri perdu
Je suis l'eau
tu es la terre
je suis le combat
éternel
qui submerge
et s'efface
et revient
à la charge
Aux sillons des collines
que font tes seins
je viens lécher
leur chemin
d'herbes salées
courbées par le vent
qui me précède toujours
Je suis
la vague
définivive
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