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théorie du fantasme


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#1 Ernestine Artner

Ernestine Artner

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Posté 11 décembre 2007 - 04:55

Décadence :

Commencement de la ruine, perte de prestige ; déclin.

Toutes les époques peuvent revêtir des airs de décadence : tout présent contient une forme de finitude. Libre aux humains, par goût d’un optimisme hypocrite, de s’intéresser à ce qui commence. Moi, Ernestine Hahn, j’ai acquis le goût délétère de voir ce qui meurt.

Ma più ne colpoi micidiali specchi, / che’n vagheggiar voi stessa avete stanchi / Questi poser silentio al signar moi, che per me vi pregava, ond’ei si tacque, / veggendo in voi finir vostro desio ; / questi fuor fabbricati sopra l’acque / d’abisso, et tinti ne l’eterno oblio, / onde’l principio de mia morte nacque.

Pétrarque, Canzoniere, sonnet 46

La théorie se poursuit donc (se termine peut-être) sue ces « micidiali specchi ».
Selon la théorie médiévale du fantasme, le mécanisme de la vue est expliqué comme une personne qui serait entre un lac et un miroir. Si un objet du monde se reflète dans le lac, elle en voit le reflet qui lui-même se reflète dans le miroir, ce reflet du miroir se reflète à nouveau dans le lac et revient vers l’objet extérieur. Le lac est l’extérieur de l’œil (qui reflète littéralement grâce à l’eau qu’il contient), l’homme la faculté appréhensive et le miroir la faculté intellective où se fixe le fantasme, donc, de l’objet extérieur.
Et c’est cette double projection à la fois du monde extérieur et vers le monde extérieur qui permet d’en « saisir » les objets. Le phénomène de fixation, sous forme de fantasme, c’est le mécanisme de la mémoire. La notion de « réalité » procède d’un double mouvement, d’un extérieur vers l’œil et de l’œil vers l’extérieur ; de là vient que nous disions « ré-fléchir » pour « penser » le monde.
Dons, mettons que par exemple cet objet ce soit toi et que tu sois là, mes yeux réfléchissent ta lumière, et moi, je réfléchis sur toi l’image de ton image… ce que je vois de toi est le reflet d’un fantasme.
Disons maintenant que je sois atteinte de la melancholia amoris ; toujours selon cette théorie, l’image de toi dans moi, mon fantasme de toi grossit et envahit toute ma mémoire. Tu vis dans moi et je n’ai l’impression de n’être plus que toi. D’où l’image de l’échange des cœurs dans la topique courtoise (chez Thomas d’Aquin cette faculté intellective se situe dans l’intellect, mais chez d’autres, comme Arnaud de Villeneuve, elle est dans le cœur, physiquement).
Ce qui se reflète dans moi n’est plus que toi. Et, s’il venait à être que tu ne sois plus là, ce serait encore le fantasme de toi que je réfléchirais sur le monde alentour, d’où cette « maladie de la perception » qu’est l’amour-mélancolie, ou « maladie de l’estimation ».