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prose, souvenirs de Goethe


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#1 Hannah9

Hannah9

    Tlpsien ++

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Posté 28 novembre 2015 - 04:55

Dans le four on se découvre d’effrayantes affinités, des en deça, des que l’on dissimule toujours plus profond, sans parler de la croute d’orgueil, au moins aussi dure et éhontée que son précipité inverse, liquides à la limite de l’immatériel. J’aimais par-dessus tout sa voix innocente tandis qu’il enfournait froidement un plat pourtant amoureusement préparé, sa voix amie et infernale parce qu’elle était celle d’un absent qui frappait furieusement ses consonnes : sa voix, une fête improvisée au grand complet, toute une famille d’absents. Ca ça me scotchait, l’entourage invisible. Il était n’importe quel adulte pourvu d’un tant soit peu de tendresse virile, il était unique et c’était un géant pour moi, un acide sulfurique dilué au contact duquel une faiblesse aérienne se dégageait en frissons de mon corps. Présent tout au long du parcours de l’enfance à l’âge adulte, mais toujours avec la même ambiguïté affolante. Il faisait parfois si chaud qu’il lui fallait d’un seul geste, presque d’un bond mais d’un bond reporté ouvrir amplement la fenêtre, se diriger vers elle, s’y rendre d’un pas de muguet - un vrai pas de loup – se lever avec mille précautions de son fauteuil enfin, pour son hôte comprendre que c’était sa démarche la chaleur et qu’il se jouait de vous depuis le début. A l’état de gypse sur le canapé il était le plus exaltant, une conversation délicieuse qui vous faisait presque oublier le monstre excrémentiel qu’il pouvait être. C’était basique et immense son effort, où se laissait parfois voir un minuscule point blanc muet qu’il ne montrait à personne et qui était très tendre, le foyer enfin habitable, la trace de sa disparition.