Je marcherais sur les flots, les dunes, les monts enneigés, pour cueillir de ta peau les calicots. Je soufflerais les astres sur les nuits, tels des chevaux de verre sur l'enclume, pour t'insuffler un sourire. Je tisserais les quatre vents, pour te coiffer, verserais mes sanglots et mon sang dans les urnes du temps, pour que ta joie demeure. Mais, tu n'existes pas. D'une flûte orientale gémissante de nostalgie, d'épices et de teintes orangeâtres, j'extrairais les bémols les plus graves, pour en faire ton indolence. Je gratterais, au creux des vagues, l'écume de tes ongles, la nacre de tes dents. Aux joues immaculées des anges, je déroberais les larmes de ton premier cri. Mais, tu n'existes pas. Je profanerais les hommes illustres, pour n'en faire qu'une femme, j'y graverais du Baudelaire, du Verlaine et du Gainsbourg, comme sur une tombe inoccupée. Je franchirais le mur du son, pour y déposer ton âme et chérirais, tout furibond, le plus insignifiant et moindre gramme. Mais, tu n'existes pas. Des senteurs andalouses aux âpres parfums d'automnes, je m'affairerais qu'entonnent les guêpes toute la fragrance de ta démarche d'été. Je te regarderais fléchir, tel un pinceau, sur un champ de tournesols. Je polirais chaque galets entourant ton cœur, j'y incrusterais un phénix qui meurt autant de fois qu'il bat des ailes, tel un bijou dont la valeur croît, sitôt qu'on le convoite. Mais, tu n'existes pas. Et pourtant, Dieu sait que je ne cesse de t'inventer, aussi souvent que tu me hantes, aussi souvent que tu n'existes pas.

Mais tu n'existes pas
Débuté par Darkrachid, févr. 05 2016 10:15
1 réponse à ce sujet
#2
Posté 05 février 2016 - 11:03
"Les chants désespérés sont les chants les plus beaux": témoin, ce poème!
- Darkrachid aime ceci