J’aurai pour vous des ruines sentinelles
Dans des sables rebelles qu’épuisent les vents
J’aurai pour vous la cendre et la foudre du ciel
Comme agonie futile au silence du temps
Anachorète fou d’une impossible ascèse
Fut une ère lointaine de retraite au désert
A psalmodier les mots d’une vaine prière
Pas même l’eau des larmes apaisait la fournaise
Veilleur de l’innommable et de l’incandescence
J’ai tant miré au loin le trop flou des mirages
De cet amour de sable et son évanescence
Pour espérer l’atteindre au-delà des nuages
Mais je ferai mémoire des sentes d’autrefois
Et des puits asséchés à la craie des margelles
Inventant un chemin de grand large et d’effroi
Dans le souffle primal des bêtes qu’on flagelle
J’aurai pour vous cette langueur nomade
Et la patience lente de l’usage du temps
Pour tresser l’arganier au carmin des grenades
Et l’éclat de l’étoile aux caprices du vent