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marin


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4 réponses à ce sujet

#1 martin

martin

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Posté 12 janvier 2017 - 07:21

Amoindri des cinq maladies

 

Que n'auront pu laver les escales

 

Je ne regrette rien le voyage

 

est aussi beau qu on le dit

 

les flots azurés remplis de squales

 

m'auront guerri de mon dépit

 

 

 

J'ai quitté ma ville natale de  Brest

 

Ma pauvre mère

 

Quand je rentrerai

 

On aura enterré tes restes

 

A l'arsenal, au petit cimetierre

 

Ainsi que tu le souhaitait

 

Du fond de ses prières

 

Je l'entends me maudire comme une peste

 

de l'avoir abandonnée

 

 

 

 

Mais j'ai trouvé

 

sur l'ile Bourbon

 

Tout ce que je ne pouvais esperer

 

De mon pays moribond

 

J'ai troqué les miasmes

 

Et les odeurs de pisse

 

Pour les fragrances enivrantes

 

Du vetiver et des épices

 

qui m'ont délesté de mon asthme

 

 

 

J'ai quitté le sempiternel manteau de gris

 

Et l'austérité des abers bretons

 

Pour la saveur des plats qu'on aigri

 

Et les senteurs des plantes à savon

 

 

 

 

Ce siècle est fabuleux

 

De cette décision je me félicite

 

Elle m'arracha aux cotes de granit

 

pour le spectacle des roches en fusion

 

Ou la pierre comme le papier s'effrite

 

pour former de titanesques pitons

 

 

 

J'ai pretté serment

 

A mon roi, a mon pays

 

Mais je sais que je vais rester ici

 

Et que chez moi maintenant

 

n'est plus ce pays que j'ai fui

 

 

 

 

 

J'ai déserté l'équipage, abandonné mon capitaine

 

toute cette foutue hierarchie

 

Pour une créole large et sereine

 

Qui me donne des bécquées de letchis

 

En carressant ma bedaine

 

Lorsque nous sombrons assoupis

 

 

 

 

 

Peu m'importe que l'on me fouette que l'on me pende

 

Que l'on me mutile, que l'on me chatre

 

De ma vie passé je veux faire amende

 

Je veux jouir et ne veux plus me battre

 

Je m'ennivre de sa peau d'ébène

 

quand elle caresse ma peau d'albatre

 

Nous regardons s'épanouir notre chef d'oeuvre mulatre

 

Et lui ne grandira pas dans les chaines

 

Et lui ne sera jamais a vendre.

 

 

 

 

Le soir quand le soleil se noie paisiblement

 

mettant en perce un tonneau d'or englouti

 

qui se déverse dans l'océan

 

 

PAreil à une plaque de métal poli

 

 

 

un nuage prend la forme d'un hyppocampe géant

 

qui semble regarder par dela l'horizon

 

Tout ce que je ne peux voir

 

Il se métamorphose sans crier gare

 

en un impétueux dragon

 

Il crachotte les derniers sirius avant de se laisser choir

 

Le voici qui rejoint les tréfonds

 

Se liquéfiant dans le grand déversoir

 

des peines et des lamentations

 

la mer honorant ce deuil

 

se vet de son habit de noir

 

Sous l'oeil inquisiteur

 

De l'étoile du soir

 

Bientot suivie de ses timides apprenties

 

Elle semble convier ses soeurs

 

A cette étrange cérémonie

 

Nous saisissons dans notre contemplative torpeur

 

Le ballet destructeur

 

Ou chaque élément tout a son oubli

 

dévoile dans son abandon

 

Les grands principes régisseurs

 

Comme une lucarne sur l'infini

 

 

 

 

 

C'est ainsi que tous les soirs quand le soleil descend

 

Mirant les étoiles, comme la lune, allongés sur le dos

 

Nous mangeons le dodo

 

Avant de nous laver dans l'océan

 

 

 

 

Au petit jour, je peche voguant sur mon radeau

 

je fais germer mon avenir en le semant

 

Et la vie est un cadeau

 

en perpétuel recommencement

 

Simple comme un cour d'eau

 

Et plus profond que le firmament...

 

 

 

 

Je reve au bastinguage

 

moitié infirme comme maman

 

A qui j'envoie mes gages

 

Pour payer ses médicaments

 

Je garde en moi toutes ces images

 

De contrées lointaines et de cieux plus cléments

 

Chérissant les pieux mirages

 

De mes reves d'adolescent

 

Dieu laisse les fous comme les sages

 

Aller à leur faiblesses d'enfant

 

Que l'existence petit a petit saccage

 

 

 

 

Mais je suis a Brest encore et toujours

 

Accoudé au bastinguage

 

Me faisant siffler par les putes

 

Engoncées dans leurs piètres atours

 

Faisant pitance des marins et de leur rut

 

Je souris a contre jour

 

Pour cacher les stigmates de mon scorbut

 

Qui me vaut d'etre édenté et la cible de  calembours

 

Leur théatrale parade d'amour

 

En grimace de dégout se mute

 

J'irais donc me souler seul sur les quais alentours

 

Gagnant cette nuit de haute lutte

 

Le monde est une tour

 

D'ou commence avec un cri

 

L'interminable chute

 

Qu'est le malaise de la vie

 

Si longue qu'on a le temps de batir des cahutes

 

De s'inventer des paradis

 

 

Est-il si inconcevable de preferer des illusoires reveries

 

A la réalité cinglante, aux moulinets des brutes

 

Dans cette dégringolade abrupte

 

Il m'appartient de faire des vrilles....

 



#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 12 janvier 2017 - 11:08

Vivre son rêve ou rêver sa vie?

#3 Invité_Marcel Faure_*

Invité_Marcel Faure_*
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Posté 14 janvier 2017 - 10:58

La vie, une vis sans fin qui nous ramène toujours au présent.



#4 Cyraknow

Cyraknow

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Posté 15 janvier 2017 - 12:10

C'est un texte qui, à mon avis, eut gagné à être écrit en prose, sans ces passages à la ligne abrupts.

De très belles choses, des images parfois saisissantes.



#5 martin

martin

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Posté 16 janvier 2017 - 06:00

merci pour vos commentaires, étrangement je vis mes reves car je voyage beaucoup, mais dans mes poèmes je suis toujours un sédentaire qui reve d'ailleurs... c'est grave docteur?? je suis pas tres doué pour l'informatique et j'ai pas capté toutes les manip du site...mr de st michel je vous tire mon chapeau sur ma calvitie naissante de trentenaire! merci a vous, j'expérimente...