Le froid vif de la bise perçait son visage,
Ses doigts gourds refusant de se plier à sa volonté,
Telle une statue parmi les cimes enneigées,
Il ne désirait plus dormir davantage,
Seul au cœur des étendues immaculées,
Tel un esquif balloté par l'océan,
Face à son destin, il refusait de céder,
Toujours sa volonté le mènerait en avant !,
La nuit passée blotti au sein de la neige
N'avait pas été une douce sinécure,
Le souffle du vent créant comme un sortilège,
Depuis la veille il résistait à la froidure,
Il émergea de la poudreuse éveillé,
S'ébroua et prononça quelques mots,
Comme un défi à la nature indomptée,
Il refusait de voir la vie comme un fardeau,
Son esprit tendu vers un seul but, vaillamment,
Il avança d'un pas; et puis d'un unique élan,
Il se dirigea vers la crête tant honnie,
Son audace jusqu'à présent lui avait nuit,
Perdu la veille dans la brume du matin
Il crut que la nature allait tout lui ôter,
Sa folle audace jamais ne serait récompensée,
Crevasses et séracs scelleraient son destin,
Mais la nature brutale sut voir en lui l'Humain,
Sa ferme volonté, sa foi en l'avenir,
Et par un rais de lumière opportun
Lui montra son chemin, tel était son plaisir,
Nature, séduis nous, montre nous ta puissance,
Apprends-nous l'humilité sans complaisance,
Car l'homme toujours veut conquérir des cimes,
Ecrire son destin, et toujours se surestime.