Nous avions 15 ans et n’étions pas poète
Pas même ténébreux
Nous étions l’électricité
Celle qui déchire la moelle épinière
Qui fait craquer l’atome et bouillir les fluides
Le coeur ensauvagé
Nous ne serions jamais demain
A toujours maintenant une vie de cannibales
L’école mentait
L’extase est au troquet
Arsouillant de formidables pintes
Bordées après bordées
Rades après rades
La marée, bonne matrone, nous gerbait au matin
Echoués sur les trottoirs vomis de Lorient
Nous disputions à Godot le droit d’être absent
Parfois une pauvrette s’amarrait à l’un
S’irritait de l’autre
Une petite Gwenaelle aux yeux de havre triste
Accrochée un temps à la hune de l'ivresse
Tombant à la baille au premier abordage
Quand le zinc tanguait
Que nos phalanges chantaient la furie de notre sang
Ta gueule en marmelade
Ton rire dévorait le monde d’une ironie superbe
Hélène a appelé ce matin
Celle qui t’a domestiqué
Qui t’a arrondi
Quand au loin j’aiguisais mes angles
Sa voix de ru glacial coule encore entre mes doigts noircis
Je te croyais assis
Tu étais couché
A mordre le canon d’un revolver pour ne plus hurler
Tu as brillé une dernière fois
Puisé encore une goutte
A la source électrique qui ne s'est jamais tarie
A Marc