« Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l’œil furieux : sur mon masque, on me jugera d’une race forte. J’aurai de l’or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces infirmes retour des pays chauds. Je serai mêlé aux affaires politiques. Sauvé » (Rimbaud, Poésies, Une saison en enfer, Illuminations, Poésie/Gallimard, p.180).
Phrases prophétiques ? Au retour des « pays chauds », Arthur revint, « infirme » , mais sans aucune « férocité »: à l’hôpital de la Conception, à Marseille, alors qu’après son amputation, le mal progresse en lui et c’est en pleurant qu’il dit à sa sœur Isabelle : « j'irai sous la terre, et toi tu marcheras sous le soleil » (Notes d'Isabelle, 4 octobre 1891).
Rimbaud ne se sera jamais mêlé des « affaires politiques ». Il ne fut en rien « sauvé », – sinon que par cela même en quoi il s’efforçait de ne plus croire, et qui fait qu’il compte tellement, pour nous, aujourd’hui : la poésie.
11/6/17