>>> pour une image plus nette, cliquer ici
Posté 05 juillet 2017 - 11:00
♥_♥
Posté 06 juillet 2017 - 09:04
facile d'accès, non! j'ai même cherché certains mots sur google, ou certaines périodes sur wikipedia...
l'essentiel est là : l'univers étrange et insolite dans lequel je glisse...
même si le sens de certains morceaux m'échappent (doit-on tout saisir?)
les pépites que tu sèmes et que l'on récolte doucement derrière ta traîne sont nombreuses
on se laisse doucement porter par les sonorités (abat-jour à basalte éblouie...par exemple)
je me réjouis des relectures
Posté 06 juillet 2017 - 09:23
oui
les mots sont
à goûter
à recueillir
et laisser dire
j'aime infiniment
cette poésie
et sa chorégraphie
Posté 08 juillet 2017 - 12:18
regard d'esquif spatial
échelle géologique gravie
voie métonymique _laisser dire (Aure)
contiguïté pour _un essentiel (Nicolas)
extérieure au moi je
mots rapiécés entre eux
>>> l'accident révélerait-il la substance ?
sublimer cette aire de catastrophes
_de terreur en splendeur
s'approprier la langue
la matière, l'inerte
l'habitat
le mouvement
le cycle
la fuite
now ♥ (dez)
les fragments incarnent cette vitesse éclatante
mais « il faut une garantie — / la syntaxe » (Mallarmé)
merci les amis : )
Posté 10 juillet 2017 - 07:20
Lire un poème, c’est s’avancer dans le labyrinthe, c’est s’y perdre, comme en des « forêts » enchantées. Il suffit, alors, de se rappeler le cri de Rimbaud : « ça ne veut pas rien dire ». Que le poème soit, ou non, crypté, le lecteur le réécrit toujours à l’aune de sa propre sensibilité et ce poème « parallèle », s’il ne dit pas, tout-à-fait, les mêmes choses, préserve l’émotion initiale, – et c’est cela qui importe, c’est cela qui se transmet, comme on transmet le feu.
10/7/17
Posté 12 juillet 2017 - 07:09
publier ici _surtout et maintenant
ce texte magistral de E E Cummings (1894-1962) :
what if a much of a which of a wind
gives the truth to summer's lie ;
bloodies with dizzying leaves the sun
and yanks immortal stars awry ?
Blow king to beggar and queen to seam
(blow friend to fiend : blow space to time)
--when skies are hanged and oceans drowned,
the single secret will still be man
what if a keen of a lean wind flays
screaming hills with sleet and snow :
strangles valleys by ropes of thing
and stifles forests in white ago ?
Blow hope to terror ; blow seeing to blind
(blow pity to envy and soul to mind)
--whose hearts are mountains, roots are trees,
it's they shall cry hello to the spring
what if a dawn of a doom of a dream
bites this universe in two,
peels forever out of his grave
and sprinkles nowhere with me and you ?
Blow soon to never and never to twice
(blow life to isn't : blow death to was)
--all nothing's only our hugest home ;
the most who die, the more we live.
"feeling is first" (E E Cummings)
Posté 14 juillet 2017 - 05:29
En référence à la citation ci-dessus ("feeling is first"), cet extrait de la conférence 'A Poet's Advice' donnée par E E Cummings à des étudiants :
« A poet is somebody who feels, and who expresses his feelings through words. This may sound easy. It isn’t. A lot of people think or believe or know they feel—but that’s thinking or believing or knowing; not feeling. And poetry is feeling—not knowing or believing or thinking. Almost anybody can learn to think or believe or know, but not a single human being can be taught to feel. Why? Because whenever you think or you believe or you know, you’re a lot of other people: but the moment you feel, you’re nobody-but-yourself. To be nobody-but-yourself—in a world which is doing its best, night and day, to make you everybody else—means to fight the hardest battle which any human being can fight; and never stop fighting. As for expressing nobody-but-yourself in words, that means working just a little harder than anybody who isn’t a poet can possibly imagine. Why? Because nothing is quite as easy as using words like somebody else. We all of us do exactly this nearly all of the time—and whenever we do it, we are not poets ».
>>> en essence : le poète est celui qui « éprouve » (des sentiments) ; il les exprime à travers des mots. Cela semble facile _ça ne l'est pas. La plupart des gens s'imaginent qu'ils pensent, croient ou savent « éprouver ». Mais ils ne font que penser, croire, savoir sans éprouver. Et la poésie, c'est « éprouver » (et non penser, croire ou savoir). Tout le monde peut apprendre à penser croire ou savoir mais aucun être ne saurait apprendre à « éprouver ». Pourquoi ? Parce que penser croire, savoir, c'est être comme beaucoup d'autres ; en revanche, lorsqu'on « éprouve », on devient soi-même. Être soi-même dans un monde qui s'attache nuit et jour à nous faire ressembler aux autres est une lutte de tous les instants. Exprimer son « irréductibilité » au travers des mots, c'est se donner beaucoup plus de mal que celui qui n'est pas poète. Pourquoi ? Parce qu'il est très facile d'utiliser les mots à la façon des autres. C'est ce que nous faisons tous, la plupart du temps. Et toutes les fois que nous le faisons, nous ne sommes pas _poètes
>>> « expressing nobody-but-yourself » = paraphrase de ce que j'entendrais par « irréductibilité », la notion d'irréductibilité étant très forte chez Cummings
Posté 14 juillet 2017 - 05:39
(suite)
Ayant posté What if a much en anglais, il m'a été suggéré d'en donner une traduction / une interprétation / une déclinaison. Certains textes de Cummings ont été traduits, pourtant l'exercice m'apparaît impraticable, notamment pour What if a much >>>
Dans la forme, le cursus cummingsien foisonne d'exemples de déviations grammaticales qui selon certains spécialistes vont jusqu'à exagérer cet aspect déviant. Dans What if a much, l'agrammaticalité porte majoritairement sur la déviation morphologique (procédé de 'conversion') afin d'obtenir un nouveau mot (phonologiquement identique au premier) mais ayant une catégorie syntaxique différente (ex. lie). Le texte est par ailleurs construit sur un quasi-parallélisme phonologique et syntaxique. Quant au fond, la densité y est folle, braquée sur un essentiel et sur l'opposition unworld / world & unpeople / human beings très chère au système de valeurs de l'auteur
What if a much est un texte d'autorité, ne transige à aucun moment, et s'impose dans une quasi-perfection d'ensemble. Tenant du monument littéraire, l'inviolabilité du texte m'apparaît d'autant plus légitime, et donc >>> préférer conserver What if a much en anglais afin de préserver la langue de Cummings qui selon Isabelle Alfandary n'entendait pas « détruire la grammaire, mais la faire vaciller » . . ... pour mieux se l'approprier
D'autres m'ont demandé pourquoi What if a much _ici
>>> envie de rejoindre les commentaires [♥_♥ (Dez) / « facile d'accès, non - l'essentiel est là - se laisser porter » (Nicolas) / « goûter - recueillir - laisser dire » (Aure) / «se perdre - ça ne veut pas rien dire - poème parallèle » (Michel Conrad)]
>>> démontrer que tout devient relatif si l'on rapproche What if a which d'un autre texte (à savoir Le début des forêts qui devient soudain dérisoire, voire accessible ?)
>>> What is a much fut ce jour de révélation. Depuis, c'est moins seule. Depuis, c'est dire seule. Le début des forêts : tentative pour dire oui et merci à Cummings de nous avoir prêté What if a much (j'y reprends surtout le procédé du parallélisme délinquant x 3, en essayant de faire sens, plutôt que transmettre le sens). Avec Le début des forêts, j'oserais espérer que le désordre apparent du fond et parfois de la forme ouvre sur un ordre intérieur (le plus irréductible possible ?), tout en laissant au lecteur le soin d'activer 'le continent de son imaginaire'. . ... et s'il parvient à le volcaniser, le pari est alors peut-être réussi _un peu ; )
voilà : )
Posté 20 juillet 2017 - 08:14
En grande forme, Boétiane!
De poème en commentaire, tu nous tisses une approche des mots qui accroche, saisit, pousse à la réflexion , fait cambrer l'esprit sous la voûte des mots. Du grand art.
Mais, comme disait michelconrad... facile? Non! Voilà une poésie qui pousse le lecteur dans ses retranchements, le rend acteur du poème par la compréhension qu'il en retire... ou non.
Enfin, merci Boé pour le partage de ce poème, ces poèmes. Tu as vraiment un style unique.
Et merci de nous avoir rappelé Cummings.
To be nobody-but-yourself—in a world which is doing its best, night and day, to make you everybody else—means to fight the hardest battle which any human being can fight;
Posté 20 juillet 2017 - 10:38
Un « début des forêts » tout en larmes de roches, en gouttes de Soleil vermeil, horizontal, et filant si loin dans la nuit que les étoiles en rougissent, coincées entre l'aube et le vent...
Merci boétiane pour ce ce poème empreint d'une rougeoyante élégance !
Posté 22 juillet 2017 - 11:05
Cyraknow,
ton passage (ou ton retour ?) d'avant-hier matin sous un grand nombre de textes
est très remarqué et remarquable _de générosité, de pertinence
un grand merci pour ton commentaire
j'aime ton analyse :
>>> pousser à la réflexion
faire cambrer l'esprit
rendre le lecteur 'acteur'
oui, oui, et tellement _oui
merci à toi aussi Florent, pour tes mots
d'ailleurs, à ce propos je me disais encore. . . …
>>> coincé entre l'aube et le vent
_ce presque rien
de temps et d'humain
Posté 22 juillet 2017 - 11:09
Posté 30 juillet 2017 - 01:32
et merci de nous avoir rappelé Cummings.
je vais me faire plaisir, Cyraknow. . ...
voici un autre texte de lui que j'adore et c'est peu de le dire. . ...
the
sky
was
can dy lu
minous
edible
spry
pinks shy
lemons
greens coo 1 choc
olate
s.
un der,
a lo
co
mo
tive s pout
ing
vi
o
lets
Posté 30 juillet 2017 - 01:45
I didn't know that one; very pretty indeed.