Novembre à l'île aux Moines
Entre les murs étroits
Où pendent pas endroits
Des cascades de lierre.
Le soleil engourdi,
Habillant de cretonne
Les nuages d'automne
Au dessus des chaumières.
La mer au pied d'Holavre,
Immobile et fumante
Affectueuse amante
D'un bateau solitaire.
La nuit sur l'île aux Moines
Laissant son lourd manteau
Glisser sous les vantaux
Au bas du cimetière
Nous faisions sous nos pas crisser les gravillons
Espérant dans le noir le tombeau des anglais.
Et nous sortions vainqueur de cette expédition
Agités et rieurs comme des feux follets.
Le bac,
S'emplissant à sept heures
Du joyeux bric-à-brac
Des derniers voyageurs.
Les rues,
Tournées vers l'île d'Ars
sous la lumière écrue
De fenêtres éparses.
La bruine,
Délicate et légère
Jouant les ballerines
Sous les vieux lampadaires.
Le froid,
Glissant sous les chandails
Quand le vent de noroit
Fait claquer les portails
Au jardin d'à côté, j'allais chercher du bois
Pendant que les enfants s'amusaient au pendu
Et sous le feu douillet du poêle suspendu
Nous dinions d'un gâteau de crêpe au chocolat.