tu es la mer qui bat mes flancs,
tantôt doucement,
tantôt furieusement,
ce corps-navire désamarré
aimanté par les tropiques,
leurs poissons bleus,
et leur ressac fluorescent,
ou errant dans les quarantièmes
mugissants
et les cinquantièmes hurlants,
près d'être englouti à tout instant,
à la dérive entre deux eaux
mais refaisant surface,
à chaque fois, têtu, enragé,
pour venir me balancer sur la houle
apaisée de tes hanches, de tes reins,
croisant aux caps des tempêtes,
défiant les récifs aux lèvres d'écume
de ta bouche ardente,
ou remontant le grand mât brisé
et refaisant de l'eau dans les anses
ignorées de tes hanches,
de tes cuisses
au port enfin, épuisé et heureux,
purgé des passions mauvaises,
prêt à jouir des marais salants
de la mémoire,
à l'ombre de ta chevelure brune
aussi ondoyante que les algues
en lanières des mers froides,
au large de la Península Valdés,
aussi secrète, aussi fascinante
que les lointaines Mers du Sud