Je suis du vérolé l'indigne sous traitant.
Goutant dans mon cerveau par des veines fécondes,
Coule un maigre ruisseau que, malicieux, Satan
Alimente d'idées obscures et profondes.
Je suis le vieux barbu aux vers entortillés.
Je cultive à plaisir le rythme et l'anaphore.
Mais que la douleur vienne et ma plume endeuillée
Laisse échapper un pleur mélancolique et fort.
Je suis le ténébreux. Je suis l'enfant prodige.
J'accorde aux mots grossiers de séduisants parfums.
Je suis le débauché et l'automne m'afflige
Du poids lourd à porter d'une langueur sans fin.
Chacun à sa façon, tour à tour, me tourmente.
Je suis un purgatoire, où des âmes damnées,
En quête de pardon, sans cesse, se lamentent
Et versent à grand flot des sanglots surannés.
Né un instant trop tard, discipliné dépôt,
Je suis un doux hospice où des vieillards malades,
Accoudés à mon front comme dans un tripot
Se plaisent à brailler leurs sombres jérémiades.