Je la voyais marcher le cou droit comme un I,
L'épaule rejetée, le regard immobile,
Le bras gracile et blanc comme une liane agile,
Serti d'or et d'argent au dessus du poignet.
Elle avançait, la foulée souple et le pied délicat,
Comme un serpent monté sur des échasses grises.
Les longs cheveux lissés, aux mèches indécises
Ondulaient doucement à chacun de ses pas,
découvrant la rondeur de son épaule ambrée.
Ses bras, du reste de son corps, semblaient s'être affranchis.
L'épaule, le coude, le poignet puis les doigts
S'animaient tour à tour dans un ballet précis
Comme ceux que font bien les femmes de Java.
Le lent mouvement de sa main, de onze vers cinq heures
Accrochait au retour les plis de sa tunique
Claire, la rabattant dans un geste pudique
Qui couvrait un peu plus l'arrière de ses bas.
J'imaginais ses yeux, bleus comme un ciel d'hiver
Noirs comme une éraflure ou bien vert brocolis.
Je ne le savais pas mais ils avaient c'est sûr
La longue profondeur de la mélancolie.
Je ne le sus jamais. Elle tourna à droite.
Je continuai tout droit.