L'horloge de demain (G. Apollinaire)
encre et aquarelle mars 1917 version "manuscrit"
adressée à Francis Picabia pour la revue N° 4 de son journal barcelonais "391"
Transcription du calligramme :
Le bonheur et le malheur
marchent de compagnie
il te revient des parfums passés
mais tu vois des êtres qui vont exister
qui se préparent
Ecoutez-moi bien
il y va de la vie
et tant de nouvelles
Je me souviens de la Provence
Du danseur du Nord
Cette Anglaise qui riait qui riait
Et le boulevard Séguin à Oran
Hélas où est ton cœur
Mon cœur plein de tous les printemps
Ecoutez-moi tous
« De son enfance à sa mort, Guillaume Apollinaire dessine, écrit. Chez lui, le signe est image, le mot est une figure, la lettre est un dessin. On est aux antipodes de la linguistique, pour laquelle le langage est arbitraire et abstrait. L'écriture manuscrite d'Apollinaire est possédée par son élan vital. C'est le sang du poète, sa sève dans son ébullition lyrique. Certaines lettres d'Apollinaire à Lou sont des jungles où les phrases se pressent, serrées, avec soudain l'enjambée de grands mots sveltes tels des étendards au-dessus de la mêlée crépitante des signes. Et ces légions verbales sont flanquées d'innombrables dessins ! Partout le désir invente ses calligraphies de chiromancie, ses cadences et ses croquis propitiatoires. Ses derniers mots sur son lit de mort auraient été : « Sauvez-moi, je veux vivre ! J'ai tant de choses à faire ! » Jusqu'au bout, on reconnaît son chant lancinant. Sa poésie est le résumé de notre errance ».
"Ma sensibilité est devenue
aussi aiguë
que celle des écrevisses
au moment du renouvellement de sa carapace"
"C'est l'heure ou jamais
d'être sensible à la poésie
car elle domine
tout terriblement"
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) meurt deux jours avant l'Armistice
2018 commémore le centenaire de sa mort
bonne année à tous
bɔē