6 réponses à ce sujet

[Gabriel Monfort]

Une cathédrale bleutée

dont la nef serait de givre

et ses ogives de regrets

ne suffirait pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

 

Un horizon à palette de Parme

d’orseille et de chaux

crevé d’un amer soleil pourpre

ne suffirait pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

 

Un marbre vert du Gange

une farine de maïs venue de Trévise

la burrata des Pouilles

ne suffiraient pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

 

Une robe ambré clair

en vitrail de lumière

de Bourgogne ou de Bordeaux

ne suffirait pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

 

Une vallée de prières

moutonnant d’herbes mortes tissées par le vent

et son monastère austère

ne suffiraient pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

 

Tous les regards perdus des enfants du monde

Tous les cafards pendus des âmes vagabondes

Tous les espoirs perclus à la ronde

ne suffiraient pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

[JPZ]

Très joli texte. Mais à mon goût trop précieux, je veux dire par là écoutant ses mots, les retenant pour lui même. Manque une échappée, sinon parfait. Vois tu, c'est bon de s'entrelire et ce site a du bon. Il y manque juste la violence de Breton, en général

[Diane]

Très beau poème en effet.

J'ignore sil faut être Breton pour exprimer la force des sentiments ^^

il me semble cependant que la puissance des métaphores utilisées dans chaque strophe
est au contraire très parlante ..de même que là répétition du titre.

Quant à l'absence d'échappée, ou de réponse, elle est (je crois ) comme ces films qui se terminent
sans qu'on n'en connaisse la fin...
Cest au lecteur de se l'imaginer

>>>>> ne suffirait pas pour.... ?

Enfin voilà comment j'ai lu ce texte : à la fois tendre et fort.

[M. de Saint-Michel]

De belles images serties dans une écriture maîtrisée avec, en point d'orgue, l'énigmatique vers-refrain qui clôt chaque strophe!

[Gabriel Monfort]

Très joli texte. Mais à mon goût trop précieux, je veux dire par là écoutant ses mots, les retenant pour lui même. Manque une échappée, sinon parfait. Vois tu, c'est bon de s'entrelire et ce site a du bon. Il y manque juste la violence de Breton, en général

Je comprends que vous puissiez trouver le texte trop précieux. Ce qui m’intéresse par contre au plus haut point point c'est votre remarque sur le manque d'échappée. C'est à mon sens justement voulu. La structure du poème repose sur une scansion qui conclut chaque strophe:

ne suffirait pas

Quand bien même il gèle à pierre fendre

qui enferme le poème dans une interrogation qui questionne le lecteur: Ne suffirait pas à quoi?

 

Une première strophe spirituelle, une seconde visuelle, une troisième parlant de nourriture et la quatrième de vin et le retour dans une cinquième au spirituel cette fois ci vide de sens ou plus exactement vidé de son sens amènent une conclusion presque nihiliste en apparence. A quoi cela ne suffirait pas, je laisse au lecteur sa liberté de faire résonner ou pas le texte en lui. Mais vous comprendrez qu'il ne saurait y avoir d'échappée dans un texte qui a été conçu pour se refermer sur lui même et sa propre interrogation.

 

  Je vous remercie de votre commentaire qui me permet de m'interroger sur la solidité de ma structure et me permet d'en vérifier l'enracinement.

 

 Quant au site, vous me semblez le juger un peu hâtivement, il a ses tempêtes et ses coups de biniou qui ne déplairaient pas à tous les Bretons de la terre fussent ils normands.

[Gabriel Monfort]

Très beau poème en effet.

J'ignore sil faut être Breton pour exprimer la force des sentiments ^^

il me semble cependant que la puissance des métaphores utilisées dans chaque strophe
est au contraire très parlante ..de même que là répétition du titre.

Quant à l'absence d'échappée, ou de réponse, elle est (je crois ) comme ces films qui se terminent
sans qu'on n'en connaisse la fin...
Cest au lecteur de se l'imaginer

>>>>> ne suffirait pas pour.... ?

Enfin voilà comment j'ai lu ce texte : à la fois tendre et fort.

Merci Diane pour ce commentaire qui insiste sur la démarche structurante du texte. Je suis un peu plus en retrait sur l'idée de métaphore, car les images du poèmes sont concrètes, voire descriptive et c'est le champs sémantique qui peut guider le lecteur vers sa résonance propre. Il n'est pas certain que je maîtrise tant les symboles ou les images, elles proviennent d'un surgissement, qu'un état particulier rend propice. Cet état d'écriture où la structure définie encadre la liberté d'invention. C'est alors que se produit le mystère de la création. Ou pas.

  Ce que vous dites sur le rôle du lecteur m'est cher, car à l'instar de Marcel Duchamp qui déclarait que ce sont les regardeurs qui font les tableaux, je suis persuadé que ce sont les lecteurs qui font la poésie. De la même façon qu'un commentaire n'éclaire pas le texte mais celui qui porte son regard dessus...

[Gabriel Monfort]

De belles images serties dans une écriture maîtrisée avec, en point d'orgue, l'énigmatique vers-refrain qui clôt chaque strophe!

Merci de votre incise, au fond vous avez raison la poésie est affaire de joaillerie en forme de tire bouchon!