Un écureuil prend une noix,
Me parle, peut-être en chinois,
Quoique l'écureuil soit finnois.
Il me regarde, hors-la-loi,
Je le regarde avec émoi.
C'est le printemps dans un seul mois.
Il n'a pas besoin, je le vois,
De venir ici sous mon toit,
Cacher sous mon tapis sa noix.
Mais il le fait, car il prévoit
La faim dehors et dans le bois.
Je pense aussi, je mets le doigt
Dans l'affaire aussi, et courtois,
Je m'édifie un grand pavois.
Comme écureuil, je suis grivois.
Nous n'avons qu'un petit pourvoi :
Laissez-nous mettre notre noix
Sous le tapis du désarroi
Des guerres que moi, j'entrevois.
