Au soir d'une longue journée, dans le triste froid de ce printemps qui ne commence pas, j'ai repensé à toi. J'ai creusé mes souvenirs, j'ai fait s'envoler la poussière de quelques belles heures de sourires. Enivré par l'instant j'ai laissé faire le temps. Il s'est écoulé intensément, rechargeant mon cœur et mon âme, en passant. Puis, dans le hasard d'une image de toi, j'ai retrouvé cette clé et sa petite chaîne d'acier accrochées à l'usure d'un petit soldat de bois. J'ai longuement réfléchi pour savoir quelle serrure céderait sous son pas... mais aucun indice ne se révélait à moi. Le temps alors venu de passer à autre chose, j'ai enfoui cette clé dans ma poche, accepté la réalité renforcée au loin par la plainte des cloches. Il est tard, je vais me coucher.
Le sommeil comme souvent est l'hôte d'invités surprises ; il les fait visiter, flâner, puis repartir. De temps à autre il les laisse s'exprimer... c'est pour cela qu'au matin je savais à quoi servait cette clé. Pas d'impatience pourtant ; il convenait de rester prudent. Ne pas laisser trop grandir cet espoir d'idéal au-delà de la minuscule taille de ce morceau de métal. C'est au soir où l'heure change mais où le déclin reste inexorable, que j'ai rejoint cet espace. J'ai présenté la clé, puis tournant d'un coup sec, le déclic, la poussière et un rai de lumière.
Je suis de retour ici, dans ce petit salon où jadis j'ai laissé quelques amis. Peut-être les retrouverais-je, aussi joyeux des mots que lorsque je suis parti.
Au soir d'une longue journée, dans le triste froid de ce printemps qui ne commence pas, je dépose ces mots-là.