Soir désole, soir d'automne
Ton air gris de nostalgie
Parfumé, railleur me donne
A l'oreille une élégie.
Et puis, de tendres murmures
Déracinent mes pensées.
Je cours et telles des murs
Vois les vagues insensées
Qui montent et broient le silence
Et par-dessus elles-mêmes
Debout, rugissent et lancent
Leurs flots durs à même
La jetée. Et je m'abrite
Car les salves recommencent
Et le silence et le rite
Du bruit sourd se relancent.
L'un et l'autre se succèdent
Inlassables, ils se répètent
Ils se battent et rétrocèdent
Ils décroissent et ils tempêtent
Ils baissent et laissent comme
Las, l'un à l'autre la place...
A la minuit, un homme
Suspendu dans l'espace
Opère. Un peintre invisible
Qui, d'un haut phare éloigné
Dévoile ton indicible
Secret. D'un labeur soigné
Ô mer ! Il répand par cycle
Armé d'un long pinceau d'or
Une touche qui gicle
Et, peu à peu il colore
Patient, un tableau de maître
Et, des profondeurs célestes
Des abysses fait renaître
En quelques tours, quelques gestes
Un théâtre éblouissant
Une vision magnifique
La nuit s'évanouissant
Dans un décor mirifique.
Il crée l'instant très étroit
Le spectacle universel
La fusion de l'astre roi
Qui perce soudain le ciel.
De la liquide matrice
Gai, rougeoyant, il s'élève.
Une journée novatrice
Un espoir vivant se lève.