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(Note de lecture) Philippe Beck, "Dictées", par Isabelle Baladine Howald


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Posté 06 avril 2018 - 09:34

Philippe Beck dans le « dédale pensé »

6a00d8345238fe69e201b8d2e89c5c970c-75wiLe dernier livre de Philippe Beck Dictées (Flammarion) est écrit « sous » la musique, lâoreille étant le réceptacle du son, du rythme, du chant, la musique étant première, et le « noteur » celui qui sâefforce de mettre en vers quelque chose de ce quâil entend. Il y a, dans toute écoute, une surdité mais peut-être aussi autre chose, outre bien sûr le silence, autre chose que la musique ne dit pas, que le langage peut tenter dâapprocher. « Câest le Directement Indirect. »
La poésie de Philippe Beck est dâune très grande précision, pour autant le monde évoqué est simplement abyssal. Références musicales, littéraires, poétiques, nominations (première lettre dâun mot en majuscule, comme Nom), mots inventés, rêve et philosophie portent ces mondes classiques, jazzés, pianistiques, violonnisés, joués par des chÅurs ou des solitaires :

« Musiqué, il sâavance dans lâintrigue
vers un Pays de Joueurs
entourés de Sable et dâAir
ou Tempête
comme dâun marbre secret.
Ils jouent de lui,
instrument regardant,
eux, les Étrangers affairés
en silence et en cris,
maisons sauvagées,
et il voit le monde loin
magnétique et rapprochées
dans des voix unies
ou concertés.
Son tristement demande
Au marbre ou au verre sa foi laissée :
Un grand fleuve de forces
Est montré dans le Séparé.
Il a ses réglés mouvementées,
Des nerfs de joie commencée, et la dispute des sables tapisse
Lâair habitué.
Dâoù des paroles occupées et repliées.
Au poids des prés carrés. »

On peut lire et entendre ici dans ce poème dit Étrangers comme la concentration du recueil.
La poésie fait entendre lâécart entre les musiques écoutées et ces transcriptions.
Livre difficile quand on nâentend pas la musique dâune oreille exercée, et sans doute aussi quant on lâécoute ainsi. Mais il y a de toute façon lâénigme et lâellipse propres à Philippe Beck, et je me dis quâil faudrait que je comprenne un jour pourquoi jâaime tant lâénigme et lâellipse. Il faudrait, ce serait passionnant, le commentaire dâun musicien quelque peu aguerri à la poésie.
Toujours est-il que la métaphysique côtoie ici le conte, « la Soufflerie est dictée du vent », et si je demeure certainement sourde à lâessentiel, ce que jâentends touche de la foudre dans « la chambre à poèmes fusibles. »

Isabelle Baladine Howald

Philippe Beck, Dictées, Flammarion, 2018, 246 p. 19â¬.


 

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