Les simples ont survécu à l’hiver : le thym citronné se mêle à la menthe, la sauge au romarin, à la sarriette. Au moment de les cueillir nous parvient leur fragrance, qui est leur langage, et, tout à la fois, c’est entrer en communion avec les soleils enfuis, la lumière de l’aube, les vents glacés de l’hiver. Il a fallu que tout cela se mêle pour produire ces fleurs mauves, que donne à voir, ce matin, le romarin.
En cueillant quelques tiges, un poème de Ronsard me revient en mémoire :
« Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies,
Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
Cheutes à terre elles fussent demain. »
Sans doute, rien ne s’efface de ce que nous lisons, comme rien ne s’efface des mots que l’on nous adresse, des regards qui sont portés sur nous, et qui contribuent à faire, peu à peu, jour après jour, ce que nous sommes aujourd’hui.
28/4/18
"Fleur de romarin" (28/4/18) Tous droits réservés