Je n’ai plus d’ardeur
Je rêve d’un intérieur
Éclatant de blancheur
Et d’un toit en terrasse
J’y monterais le soir
Lorsque le ciel vêt l’or
Contempler ce patchwork
De carrés blancs
Et de disques d’argent
Rehaussé de colliers
De linge bariolé
Je vois en contrebas
Dans l’espace olivâtre,
Où l’herbe est rabougrie
Des chameaux grignoter
Les rares pousses des arbustes
Au loin à l’horizon
S’estompe une mer bleue
C’est l’heure où tout rosit
Rassérénant mon cœur
Endormant mon histoire
Réveillant ma mémoire
Je prendrai
Le sentier des arganiers
Demain, j’irai là-bas,
À pas lents,
Je longerai la baie.
Je m’assiérai pour lire
Sur une banquette en bois
Devant un thé à la menthe
Près d’un bougainvillée
En regardant de temps en temps
Les chevaux galoper sur la plage
Puis au coucher du soleil,
Je marcherai
Jusqu’à l’esplanade près du marabout,
Je commanderai un tajine, ou un maquereau grillé
Je mangerai dans les dires et les rires
J’attendrai que le globe flamboyant
Se noie dans les volutes pourpres
De flots à écailles d’or
Où se détachent encore
Les silhouettes des surfeurs.
Il sera un peu tard
Il sera bien trop sombre
Pour enjamber les rochers
Choisir dans les anfractuosités
Les plus beaux galets
Les plus colorés
Ceux dont on réveille l’éclat
Avec quelques gouttes d’eau
Ce sera pour après-demain.
Nul besoin de courir
Pas un amour,
Juste un souvenir
Symphonie toujours
Un désir secret
Un refuge à savourer
Qui habite mon cœur
Pointillé d’ardeur