Aller au contenu

Photo

(Brèves de lecture) Christiane Veschambre, Geneviève Peigné et James Sacré, par Ludovic Degroote


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 tim

tim

    Administrateur

  • Administrateur principal
  • PipPipPipPip
  • 5 689 messages

Posté 02 juillet 2018 - 09:32

<p> </p>
<p class="MsoNormal blockquote" style="line-height: 125%; margin-left: 40px; margin-right: 40px; text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; line-height: 125%; font-family: 'Garamond','serif'; letter-spacing: 1pt;">Trois notes « brèves de lecture », signées Ludovic Degroote : <br /> <br /> Christiane Veschambre, <em>Ecrire/Un caractère</em><br /> Geneviève Peigné, <em>À voix nue</em><br /> James Sacré, <em>Et parier que dedans se donne aussi la beauté<br /> </em><strong><br /> <br /> <br /> <br /> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.type...7b218200c-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Veschambre" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad357b218200c img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad357b218200c-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Veschambre" /></a></strong>Christiane Veschambre<br /> <em>Écrire</em> / Un caractère<br /> éditions isabelle sauvage, 2018<br /> 80 p., 14 â¬<br /> <br /> <br /> « Écrire <em>/ Un caractère </em>» : ainsi présenté, le titre laisse suggérer deux vers, alors que sa disposition verticale sur la page de couverture est plus ambiguë : faut-il lire le substantif comme une apposition dâun infinitif nominalisé ou comme le complément dâobjet direct du verbe ? Cette ambiguïté grammaticale révèle la place de ce « caractère », pour ne pas dire personnage, dont Christiane Veschambre fait, à la troisième personne, « Écrire » : « un petit anarchiste » (pp. 9-10), qui « nâa pas de genre » (p. 53) et « nâa pas de biographie » (p. 39). Il nây a donc rien à raconter, mais à approcher : dâoù et comment procède ce qui fait quâon écrit ? Rien à résoudre non plus, dâautant quâ« Écrire nâaime pas les idées générales » (p. 72). À partir de ses lectures (Duras, Deleuze, Mallarmé, Quignard, par exemple), de cinéastes, (Mankiewicz (p. 40 notamment) et Straub et Huillet (p. 66), par exemple) et de son expérience dâécriture, lâauteure tente de cerner quelques réponses possibles, afin de mettre en évidence que lâécrivain maîtrise peu ce qui « monte » en lui et lâamène à écrire, en opposant ce verbe à celui de « composer » (p. 67). « Monter, pour faire son travail, doit dâabord sâassurer que tout est nettoyé (...) Il peut ensuite inventer le corps dâÉcrire » (p. 67). Sans vraiment de développement esthétique ou théoricien, ce livre sâattache à montrer la manière dont lâécrivain serait non pas habité au sens romantique du terme ni colonisé mais plutôt animé, voire même <em>animable</em> par ce « caractère » indomptable â accents rimbaldiens â qui lui permet de devenir ce quâil est quand il écrit, un écrivain peut-être libre, en tout cas, un écrivain particulier. « Écrire nâaspire pas à lâoriginalité. (...) Écrire est singulier. Il vit dans lâêtre-seul, ce lieu commun propre à chacun » (p. 47). Réflexions empiriques qui ont le mérite dâêtre posées et de contribuer à interroger, quâon soit dâaccord ou non, sa propre pratique. Ce que fait aussi lâauteure elle-même lorsquâelle glisse, ici ou là, à des éléments probablement autobiographiques, et lorsque, dans les dernières pages du livre, le « je » gagne une place.<br /> <strong><br /><br /> <br /> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad37da279200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Peigné" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad37da279200d img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad37da279200d-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Peigné" /></a></strong>Geneviève Peigné, Petra Bertram-Farille<br /> <em>À voix nue</em><br /> LâAtelier des Noyers, 2018<br /> 56 p. (non paginées), 10 â¬<br /> <br /> Après un livre singulier, <em>Lâinterlocutrice</em>, dans lequel Geneviève Peigné traversait la voix écrite que sa mère malade dâAlzheimer laissait en marge des livres quâelle lisait, voici un poème en vers présenté dans un petit format oblong et élégant, alternant avec des dessins de Petra Bertram-Farille, <em>À voix nue</em>. Le texte entremêle les différents sens du mot voix, depuis celle du chant jusquâà la voix intérieure, dont le silence est une sorte de partition ou de transcription : au fond, ce sont deux versants dâun même mot, dans lequel du lyrique, dans ses multiples acceptions, cherche un corps par lequel se manifester. Du corps, il est question dans ce poème de façon parfois inattendue mais juste : il faut le travailler pour atteindre sa propre voix et, par exemple, la faire exister au sein dâune chorale, ou de son poème : deux mises à nu. Mais câest aussi le siège du langage où lâon vit, particulièrement quand on écrit des poèmes, et des angoisses possibles : « La parole est là où la gorge rétrécit », « Jusquâau bout / La gorge insoumise aux mots ». Les encres, dans de profonds noirs qui font surgir des blancs, parfois à lâimage dâun cri, ajoutent à la densité de ce poème dont lâépaisseur est dâautant plus forte que son écriture est simple - en apparence -, à lâimage de ces deux pages qui se font écho : « De toutes mes peurs dâenfance / Jâai construit / Celle de rester sans voix », « De toutes mes peurs dâadulte / Jâai construit / Celle dâavoir des mots pour tout. »<br /> <strong><br /> <br /> <br /> <a class="asset-img-link" href="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad37da298200d-popup" onclick="window.open( this.href, '_blank', 'width=640,height=480,scrollbars=no,resizable=no,toolbar=no,directories=no,location=no,menubar=no,status=no,left=0,top=0' ); return false" style="float: left;"><img alt="Sacré" class="asset asset-image at-xid-6a00d8345238fe69e2022ad37da298200d img-responsive" src="http://poezibao.typepad.com/.a/6a00d8345238fe69e2022ad37da298200d-75wi" style="width: 75px; margin: 3px 15px 5px 5px; border: 1px solid #969696; box-shadow: 8px 8px 12px #aaa;" title="Sacré" /></a></strong>James Sacré<br /> <em>Et parier que dedans se donne aussi la beauté</em> â dessins de Guy Calamusa<br /> Æncrages &amp; Co, 2018<br /> 15 â¬<br /> <br /> Quâil sâagisse de paysages, dâÅuvres artistiques, dâexpériences personnelles ou de la poésie même, James Sacré écrit sur le motif. A le lire, ce nâest pas quâil ait besoin de cela, câest que le motif - quâon pourrait tout autant appeler paysage (campagnard, urbain, artistique, humain, intérieur) - entraîne lâécriture par un mélange dâimaginaire et de déclenchement des mots ; dâailleurs, un motif-paysage nâest jamais seul, il en croise dâautres par des chemins de traverse complexes â mémoire, associations dâidées ou de mots, par exemple â dont le travail dâécriture donne lâimpression de la simplicité. Dans cet opuscule, des dessins de Guy Calamusa servent de déclencheur : dessins dont la façon pourrait sembler enfantine et qui ont été déchirés, comme sâils proposaient des morceaux de paysages qui auraient pu finir, comme leurs chutes peut-être, à la corbeille : autant de paysages secondaires, pour reprendre le vocabulaire employé plus haut : maladresse, déchirure, morcellement, perte, dont Sacré va faire la matière de son texte et le  prétexte, comme souvent dans son écriture, à une réflexion sur le poème. « Si mon poème est comme une corbeille à papier », « Le plus beau poème câest jamais / Que le reste de quelque chose » : on comprend que lâauteur ait été sensible à cette imperfection, même volontaire, qui constitue la série de Calamusa. Lâévocation dâun voyage en Italie dont la mémoire se morcelle rejoint ces dessins qui semblent « un corps déchiré », fragments subsistants dâun ensemble disparu. Émiettement du passé, émiettement des mots, le poème comme lâÅuvre dâart demeurent une trace de ce qui semble sâêtre donné dans les déchirures dâun geste ou dâune intention spontanés. « Si la Joconde aussi / Continue pas / Dâêtre un graffiti ? » Beauté revisitée et prétendument condensée par ce peu quâil en resterait, comme une sorte dâaccident, si lâon oubliait la malice de James Sacré qui construit savamment ses maladresses et cette fausse simplicité dâesprit, et qui sait le premier que le travail dâécriture dâun poème est bien souvent dâajouter en supprimant. <br /> <strong><br /> <br /> Notes de Ludovic Degroote<br /><br /><br /> <br /> </strong></span></p><img src="http://feeds.feedburner.com/~r/typepad/KEpI/~4/OVg0_ZDk8L4" height="1" width="1" alt=""/>

Voir l'article complet