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Le cou d'Elle


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8 réponses à ce sujet

#1 Noctis

Noctis

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Posté 24 janvier 2008 - 04:07

Voilà, je tente divers blasons. Une idée qui me plait. D'aucuns parlent de contrainte en poésie : une limitation technique m'intéresse moins qu'un but (ludique s'il faut) dans l'objet. Mais pas toujours évident d'avoir l'inspiration sur commande.

Dieux de ce monde, vous l'avez conçu injuste.
Qu'il soit tant de considération
Pour les rosaces et les frontons,
Mais si peu pour le ciment qui les soutient,
Si peu pour les pierres ingrates
Qui, au coeur de l'ouvrage,
Reignent.

Ce ne sont point les gravures et les tableaux
Qui portent un palais.
Mais bien la dure pierre, mais bien la dure pierre,
Qu'elle soit ordinaire ou angulaire,
Soigneusement taillée, arrachée lentement
Du foie de la terre nourricière,
Parfois marquée d'un sceau amoureux,
Et amenée par flots au seuil de l'Oeuvre.

Je veux chanter les intermédiaires,
Les couloirs, les jointures,
Les merveilles oubliées,
Les poumons déchus,
Les pierres dures.
Entre la noble tête et la fière poitrine,
Et droit et décidé,
Face au seul destin, mais replié,
Caché d'un "reculons" de la tête
Ou d'un geste anodin de la main,
Point assez seyant pour que nul tissu ne couvre
Et non plus assez honteux pour qu'on ne le cache, –

Pourtant le talent du Tailleur n'était pas vain,
Rien n'est plus fin –
Aussi décoré qu'une colonne dorique,
Aussi majestueux que la patte du lion,
Rien n'est plus fin,
Que le cou féminin.



Ami lecteur, j'aime la critique pourvu qu'elle soit justifiée. C'est même à cet objet que je fais lire mes inspirations, éternellement inachevées à mes yeux. Je vous en prie, n'hésitez pas.

#2 Invité_Haïgu Maya_*

Invité_Haïgu Maya_*
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Posté 24 janvier 2008 - 04:13

belle vision
où la fin surprenante invite à une relecture
du poème et de la pierre
modestement

#3 Invité_Apocope_*

Invité_Apocope_*
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Posté 24 janvier 2008 - 07:07

Ami de la tradition
j'ai bien aimé ton blason
l'écriture en est très pure
élégante ciselure

#4 le hamster

le hamster

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Posté 24 janvier 2008 - 09:51

La seule critique que je ferai est que les comparaisons, ne sont, parfois, pas flatteuses :

dure pierre, ciment, patte du lion

ça fait perdre un peu de la grâce à l'idée que tu as envie de donner du cou féminin. Mais c'est "classique", et c'est un choix, ton choix.

Très joliement écrit, par ailleurs.


Amicalement

#5 Noctis

Noctis

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Posté 24 janvier 2008 - 09:55

Merci le hamster, il faudra que j'y pense à la grâce, vais revoir ça. Je voulais que les images surprennent, ça fait du bien parfois. Mais en effet, ça manque à sa fonction première.

#6 sanaa

sanaa

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Posté 24 janvier 2008 - 01:36

Voilà, je tente divers blasons. Une idée qui me plait. D'aucuns parlent de contrainte en poésie : une limitation technique m'intéresse moins qu'un but (ludique s'il faut) dans l'objet. Mais pas toujours évident d'avoir l'inspiration sur commande.

Dieux de ce monde, vous l'avez conçu injuste.
Qu'il soit tant de considération
Pour les rosaces et les frontons,
Mais si peu pour le ciment qui les soutient,
Si peu pour les pierres ingrates
Qui, au coeur de l'ouvrage,
Reignent.

Ce ne sont point les gravures et les tableaux
Qui portent un palais.
Mais bien la dure pierre, mais bien la dure pierre,
Qu'elle soit ordinaire ou angulaire,
Soigneusement taillée, arrachée lentement
Du foie de la terre nourricière,
Parfois marquée d'un sceau amoureux,
Et amenée par flots au seuil de l'Oeuvre.

Je veux chanter les intermédiaires,
Les couloirs, les jointures,
Les merveilles oubliées,
Les poumons déchus,
Les pierres dures.
Entre la noble tête et la fière poitrine,
Et droit et décidé,
Face au seul destin, mais replié,
Caché d'un "reculons" de la tête
Ou d'un geste anodin de la main,
Point assez seyant pour que nul tissu ne couvre
Et non plus assez honteux pour qu'on ne le cache, –

Pourtant le talent du Tailleur n'était pas vain,
Rien n'est plus fin –
Aussi décoré qu'une colonne dorique,
Aussi majestueux que la patte du lion,
Rien n'est plus fin,
Que le cou féminin.



Ami lecteur, j'aime la critique pourvu qu'elle soit justifiée. C'est même à cet objet que je fais lire mes inspirations, éternellement inachevées à mes yeux. Je vous en prie, n'hésitez pas.



trés réussit. trés spirituel, j'ai édoré, lu et relu. merci pour cette agréable lécture.

#7 Invité_souris_*

Invité_souris_*
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Posté 24 janvier 2008 - 03:11

Bonjour Noctis,

Tes deux derniers vers:

"Rien n'est plus fin

Que le cou féminin".

sont propices à la continuation du poème, poème qui m'a bien plu
j'aime la comparaison des corps et de l'architecture monumentale,
et le texte se lit agréablement.


Amicalement

Souris

#8 .ds.

.ds.

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Posté 24 janvier 2008 - 06:42

Bonsoir Noctis,

Je me souviens t'avoir lu.
Comment comparer le "cou" féminin à un blason ?

Dans son ensemble la sculpture se tient aussi bien que les mots dans leur anatomie.

#9 Noctis

Noctis

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Posté 24 janvier 2008 - 11:53

Merci Sanaa pour votre compliment touchant.

En effet souris, je me le disais, j'y ai travaillé cet après-midi, en pensant à l'excellente remarque du hamster. Je devrais aboutir à une version largement étoffée d'ici quelques jours.

@.ds. : Bien sûr ! Je traine par ici depuis longtemps (hum on me dit 2004) et sur divers autres sites, sous peut-être d'autres pseudonymes.
Le blason n'est pas une image. C'est une référence à Clément Marot qui inventa ce genre, qui n'en est pas tellement un, c'est à dire un petit poème consacré exclusivement une partie du corps (il avait consacré le sien au téton (avec son anti-blason))
A écouter, la chanson de Brassens "Le blason".
Merci à toi, je vais améliorer peut-être, mon idée première était d'étoffer le vocabulaire, mais j'ai manqué d'ambition.